Pêche à la ligne, amour ou lecture : toute passion est addictive
John Gierach, grand pêcheur à la mouche devant l’Éternel, est obnubilé par sa passion. Dans Même les truites ont du vague à l’âme (Gallmeister, 2011), il raconte que lorsqu’il a connu sa femme, il l’avait prévenue : « Je ne fume pas, je ne bois pas, je suis un type fidèle, mais je dois t’avertir : je suis pêcheur à la mouche. » Vingt ans plus tard, sa femme admettait qu’à tout prendre, elle aurait peut-être préféré les trois autres vices.
En principe, l’addiction peut s’appliquer à toute une série de comportements. Les récents traités d’addictologie distinguent en général les addictions avec produits (alcool, tabac, drogue, psychotropes, parfois thé et café) et les addictions sans produits (jeux pathologiques, cyberaddiction, achats compulsifs, addiction au travail ou workaholisme, au sport ou à la sexualité).
Et pourquoi pas le sucre, la télévision, le chocolat, la collection de timbres ou la lecture ? Sans parler des séries télés !
L’amour aussi peut être vu comme une addiction. Stanton Peele, le psychiatre américain qui a révolutionné l’approche de l’addiction, considère que l’amour passionnel possède tous les critères de la dépendance : le besoin irrépressible de la présence de la personne aimée, un désir incontrôlé, les idées obsédantes tournées vers l’être aimé, le syndrome de manque en cas
d’absence ((Stanton Peele et Archie Brodsky, Love and Addiction, Taplinger, 1975.)
Et vous ? A quoi êtes vous dépendant ?
Il ne faudrait pas confondre addiction et passion. Moi, ça a longtemps été la lecture, mais ce n’était ni une obsession, ni un désir incontrôlé, sans syndrome de manque. Pour moi, lire était comme respirer (c’était naturel) ou faire de l’exercice (ça me prenait ma « dose » chaque jour, mais si je n’avais pas le temps, je remettais à plus tard sans y repenser). Sinon, tout serait une addiction et le mot perdrait tout son sens.
A la réflexion, un dessert sucré en fin de repas, et du café le matin. Pour le reste, adepte de Pascal entre autres, j’ai appris à résister ce qui n’est pas simple.
L’addiction est dans la nature humaine, il me semble. Bon sujet, car je vois autour de moi les gens dans l’addiction, vin, pouvoir, on a le choix…
Cela explique pourquoi notre planète n’est pas gérable par nous humains, chacun veut la satisfaction et ne supporte pas la frustration.
Il suffit de regarder les dirigeants et leurs actes.
Moi c’est la vie…
Bonjour,
Est-ce que la recherche impérieuse de solitude peut être considérée comme une addiction?
Je ne suis ni asociale ni timide mais j’en ai BESOIN, autrement je deviens désagréable et tendue. Une fois que j’ai eu « ma dose » je peux revenir côtoyer ce beau monde qui m’entoure…
Mes autres addictions sont la lecture et la méditation 😉
J’invite Lenia à songer au sort des prisonniers. Pour aller dans son sens, la pire punition n’est peut-être pas la privation de liberté mais l’impossibilité d’être seul. En ce sens, l’immense majorité de nos frères humains, entre la famille, le travail ou les réseaux, est condamnée à vie. Cette idée est un peu fascinante parce qu’elle explique bien des choses: la soumission, la peur de l’inconnu, le conformisme, la préférence médiocritère.
Peut-on en conclure que le goût pour la solitude est une marque aristocratique ?
Certainement, mais, car il y a un mais, bon nombre de ces « moutons », possèdent un bien nommé « jardin secret ». Mis en confiance, et en petit comité, ils en ouvrent volontiers la porte.
Je terminerai sur ce qui semble un paradoxe mais n’en est pas un: le « mouton » enferme en lui-même sa liberté. Pourquoi ? Parce qu’au dehors c’est la prison !
Lenia n’est peut-être ni asociale, ni timide mais la lecture et la méditation sont, me semble-t-il, des activités que l’on pratique SEUL…
Amicalement