Rob, l’historien des oubliés

Toutes les personnes que je rencontre m’intéressent. Ne fût-ce que par curiosité : on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Mais aussi — et surtout — parce qu’au fil des années et des rencontres, j’ai découvert un formidable secret : tout le monde a quelque chose à raconter. Une anecdote incroyable, une passion secrète, un rêve d’enfant, un déboire amoureux… chaque personne cache au moins une histoire passionnante, ou au moins surprenante. Il suffit d’ouvrir la porte. Parfois, il suffit même de l’entrouvrir.

Alors permettez-moi de partager avec vous certaines de ces rencontres plus ou moins furtives que j’ai eu la chance de faire. Une collection d’impressions qui formeront, peu à peu, comme une mosaïque d’humains — un autre aspect de l’Humanologie. Ce mois-ci, je vous parle d’Eddy, un sans-abri plein d’espoir.

Cette semaine, j’ai fait une nouvelle rencontre. Rob Baker : écrivain, historien, explorateur du quotidien. Je ne l’ai rencontré “en vrai” que cette semaine, mais je le connaissais déjà…

Tout a commencé un soir d’hiver, dans le rayon “Histoire — Londres” de ma bibliothèque. Je cherchais un livre bien précis dont le titre m’échappe aujourd’hui, et ce faisant, mon regard est tombé sur le livre d’â côté. Un livre au titre irrésistible : “Beautiful Idiots and Brilliant Lunatics”. Un livre dédié aux lunatiques de génie, aux joyeux fous qui ont foulé les trottoirs londoniens tout au long du 20ème siècle : espions, rockeurs, rebelles, réformateurs et gentlemen cambrioleurs…

Après quelques pages seulement, je savais qu’il fallait que je contacte Rob Baker (l’auteur), pour lui demander l’autorisation de créer une visite guidée autour des histoires de son livre. Je lui ai écrit, il a répondu. Nous avons décidé de travailler ensemble. Mais il était au Pays de Galles, moi à Londres : nous nous sommes donc d’abord rencontrés par mail, puis par téléphone (covid oblige). Mais ne nous sommes jamais vu (même pas par Zoom !).

Six mois se sont écoulés. Et puis enfin, il y a quelques jours à peine, nous nous sommes rencontrés pour de vrai.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Après tout, je ne l’avais “rencontré” que par téléphone !

Il est arrivé en tenue estivale, chemise de lin et lunettes de soleil.

-“Bonjour, je suis Robert Boulanger”*, m’a-t-il dit avec un grand sourire et un fort accent anglais. Il n’était pas peu fier de sa traduction.

Légèrement excentrique, en parfait accord avec son livre, il m’a parlé de ses recherches et de sa passion du cinéma français. Je lui ai fait découvrir les films de Jean-Pierre Bacri et d’Agnès Jaoui, dont il est depuis devenu fan inconditionnel. Il m’a parlé de sa vie. Avant d’écrire des livre d’histoire, il a travaillé dans le milieu de la télévision, il a rénové des maisons, il a voyagé. Il a visité les studios d’Abbey Road, rencontré différentes célébrités, travaillé avec des humoristes, des historiens, des musiciens. Il est fan de musique soul et de jazz, il travaille même parfois comme DJ. À ses heures perdues, il cuisine. Et il explore la ville.

*Traduction littérale de son nom, “Rob Baker”

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