L’histoire rocambolesque du cerveau d’Einstein

Une des photographie du cerveau d’Einstein prise pas Thomas Harvey à la mort du savant, en 1955

À la mort d’Albert Einstein, son cerveau fut volé par le médecin légiste qui a réalisé son autopsie. Réapparu des années plus tard, le cerveau a fait l’objet d’investigations de neuroanatomistes qui espéraient y découvrir les secrets de son génie.

Albert Einstein est mort en 1955 à l’hôpital de Princeton (New Jersey, États-Unis). Une autopsie est alors demandée par la famille : le médecin diagnostiquera une rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale. Le corps est alors incinéré selon les vœux du grand savant et ses cendres sont dispersées en mer. Ce que ne dit pas le docteur Thomas Harvey, c’est qu’il a prélevé le cerveau d’Einstein au passage !

Thomas Harvey commence en cachette à pratiquer quelques observations. Surprise : le cerveau ne pèse que 1 230 grammes alors que la moyenne est plutôt de 1 350 grammes. Le médecin photographie l’illustre organe sous tous les angles, puis découpe les hémisphères en portions de 10 cm3, puis en centaines de petites lamelles qui vont pouvoir être étudiées au microscope (elles sont visibles sur tablette numérique). Thomas Harvey a gardé le silence sur son trésor secret pendant plus de vingt ans. Il faut attendre 1978 pour qu’un journaliste retrouve le médecin. Ce dernier lui confie alors qu’il a gardé une partie du cerveau dans le formol.

La nouvelle fait grand bruit. Mais Thomas Harvey disparaît aussitôt avec son butin. Quelques années plus tard, en 1982, il accepte de transmettre quelques cm3 du cerveau à Marian Diamond, professeure d’anatomie à Berkeley. Celle-ci remarque que le lobe pariétal inférieur gauche du cerveau d’Einstein contiendrait un taux de cellules gliales (cellules nourricières et protectrices des neurones) plus élevé que la normale. Il se trouve que cette région est justement réputée pour intervenir dans les activités de vision dans l’espace. N’aurait-il pas fallu une capacité de représentation dans l’espace particulièrement développée pour repenser ce nouvel espace-temps élastique dont Einstein est le découvreur ?

D’autres chercheurs ont également reçu de petits bouts du cerveau envoyés par Thomas Harvey mais parviennent à des conclusions plus mitigées. Certains observent d’autres différences, d’autres trouvent que ce cerveau n’a rien de particulier… Le débat finit par s’enliser. Et on oublie le cerveau d’Einstein.

Puis l’enquête repart en 2007. Thomas Harvey vient de mourir et sa famille décide de léguer les restes du cerveau d’Einstein au National Museum of Health and Medicine de Chicago ainsi que les centaines de photos prises par le médecin. En 2013, Dean Falk, spécialiste de neuroanatomie, découvre sur certains clichés que les gyrus (renflements), sillons et autres fissures du cerveau sont différents de la normale. Selon Dean Falk, Einstein aurait eu des cortex préfrontaux bien différents de ceux des 85 cerveaux témoins, suggérant une augmentation du taux de neurones dans cette région et, de fait, une augmentation de la complexité de leurs connexions. L’hyperconnexion des neurones du cortex préfrontal serait donc un des secrets du génie créatif d’Einstein…

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