Prisonniers de l’avenir

Les humains sont doués pour se projeter dans le futur, anticiper, faire des projets, se forger des châteaux en Espagne. En revanche, nous sommes moins bons pour estimer le temps qu’il faut pour faire les choses, pour leur attribuer des délais raisonnables. D’où le nombre considérable de projets abandonnés, d’activités laissées en plan faute d’avoir su dompter le temps.

Chaque jour, les gens se livrent à mille activités, non pour satisfaire un besoin immédiat mais pour atteindre un but futur. Le boulanger fait son pain qui sera acheté puis consommé plus tard dans la journée. Le maçon construit des maisons qui seront occupées ultérieurement. Moi-même, j’écris ce présent article qui ne paraîtra que dans quelques jours. Notre présent à tous est façonné par le futur. Si les élèves vont à l’école, c’est pour préparer l’avenir qui les attend. Leur vie présente est conditionnée par leur avenir anticipé.

Les humains disposent de cette étonnante capacité de se projeter dans l’avenir, d’anticiper et de planifier leurs activités. Déjà Homo erectus agissait en fonction du futur. Il se rendait à des kilomètres de son camp pour trouver du silex. Il avait déjà des buts en tête tels que tailler un biface ou un hachereau qu’il utilisera pour s’armer ou pour couper du bois en rondins pour construire un abri ou allumer le feu. Il agissait avec l’avenir en tête (voir l’article « Dans la tête d’Homo erectus« ).

Nous disposons tous de cet extraordinaire talent : se projeter mentalement au-delà du présent, anticiper, concevoir des projets et se construire des rêves d’une autre vie. En revanche, nous avons beaucoup de mal à mesurer le temps qu’il faut pour tout faire.

« Je suis prête dans une minute », me lance ma chérie, encore dans la salle de bains alors que nous sommes déjà en retard. Les minutes passent : « Tu nies le temps ! », je lui crie d’en bas.
À vrai dire, je suis mal placé pour donner des leçons. Quand je me mets à ma table de travail pour écrire un article – ce que je fais depuis des décennies, j’ai beau commencer par me fixer un planning précis, je sous-estime systématiquement les délais.

Ce défaut d’appréciation est communément répandu. Une des conséquences est de cumuler les retards et laisser en plan un nombre incalculable de projets inaboutis.
La pression du temps est souvent du futur qui a été mal anticipé.

Un commentaire sur “Prisonniers de l’avenir

  1. Via une présentation plus schématique, nos raisonnements ne pèchent-ils pas parce que de dimension 3, parce que, dès que la complexité survient, le cartésianisme binaire devient inopérant, doit être remplacé par la logique quantique que nous avons du mal à comprendre !
    On sait depuis 2005 que notre génome se différencie d’environ 1 % de celui du chimpanzé. Cette information, plus que significative, a été enterrée, aussi bien par les chrétien.es que par les scientifiques ! Pourquoi ? !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *