Elles sont invisibles, mais elles sont là.
Elles sont impalpables, mais elles nous touchent et nous remuent.
Elles sont silencieuses, mais on entend parfois leur petite voix nous murmurer à l’oreille.
Elles nous accompagnent partout, toujours, du matin au soir, toute notre vie.
Elles, ce sont nos idées.
Elles nous aident à comprendre le monde, elles guident nos pas, elles nous distraient, elles nous soulagent. Elles nous font entrevoir d’autres mondes. Elles nous égarent aussi, nous subjuguent, nous tourmentent. Elles nous font faire des folies. Elles ont fait de nous des êtres imaginatifs, rêveurs, bavards, artistes, ingénieux. Elles font de nous aussi des idéalistes et des idéologues. Ce sont nos bonnes fées, mais de malicieuses sorcières.
Le cerveau humain est une machine à idées, qui produit en permanence un flot incessant de pensées de toutes sortes.
Naissance d’une pensée
J’ai entrepris un jour d’écrire un livre sur le monde des idées. Il débutait par un récit : celle d’un type – moi – rêvant d’écrire un livre sur les idées. Cette pensée m’était venue lors d’une séance de course à pied. Les idées naissent un peu partout et à tout moment : le matin au réveil, sous la douche, en lisant ou en mangeant, dans le métro ou au volant. Les idées sont comme des bulles de savon : elles éclosent, grossissent, s’envolent, s’irisent puis éclatent. La plupart sont oubliées, mais certaines brillent plus que d’autres et leur souvenir revient nous hanter. Après avoir raconté la naissance de cette idée, mon récit se poursuivait par une série de questions, qui devait ouvrir chacun des chapitres de mon livre : qu’est-ce qu’une idée ? À quoi ressemble-t-elle ? Comment les idées s’assemblent-elles ? Où se nichent-elles dans nos cerveaux ? Comment voyagent-elles ? Pourquoi certaines idées sont plus séduisantes que d’autres ? Les idées sont-elles le moteur de l’histoire ? Quel rôle jouent-elles dans nos vies ?
Le carnet rouge à spirale
Ce projet ne m’a plus quitté durant des semaines. Un carnet de notes m’accompagnait partout. J’y consignais mes questions, mes pensées, mes lectures. Ce gros carnet à spirale, à la couverture rouge, est devenu le dépositaire de mes idées sur les idées, mes pensées sur les pensées.
Le carnet contenait un « bestiaire des idées ». Ce chapitre commençait par une sorte d’inventaire à la Prévert des pensées de toutes sortes que secrètent les cerveaux humains : les pensées intérieures (souvenirs, fantasmes, rêveries vagabondes), les idées collectives (croyances, savoir, sciences, philosophie, idéologies), es fictions (romans, contes, légendes), les petites idées volages (« et si on repeignait la cuisine ? ») et les grandes idées qui mobilisent les foules (les idéaux politiques, les idées religieuses).
J’ai entrepris ensuite de classer ce bestiaire disparate en une typologie abstraite : il y avait les idées-images (les images mentales), les idées-langage (les mots et les phrases), les idées-actions (les projets, les modes d’emploi, les savoirs techniques), les idées abstraites (les mathématiques, les idées scientifiques, la philosophie), les idées personnelles (les rêves et les pensées intérieurs) et les pensées partagées (les idéologies, les représentations sociales), etc.
Mon livre virtuel se poursuivait par un mélange de considérations plus ou moins élaborées sur la forme des idées, leurs usages, leurs associations, leurs conflits, leurs rôles dans la conduite de nos vies et la marche de l’histoire.
Puis un jour, le cahier s’est envolé. C’était dans le train qui me ramenait de Paris. Arrivé à la gare de Laroche-Migennes, absorbé dans mes lectures, l’annonce de la correspondance pour Auxerre m’a surpris. J’ai rangé rapidement mon ordinateur, mon téléphone, mes crayons, repris ma veste et je suis sorti précipitamment du wagon. Arrivé à la maison, en ouvrant ma sacoche, je me suis rendu compte que mon carnet avait disparu.
Ma requête auprès du service des objets perdus de la SNCF n’a pas abouti.
Ce qui devait être un grand et beau livre sur la vie des idées a disparu à jamais. Il rejoint le purgatoire des projets inachevés
Nos chimères
Les romans les plus beaux sont ceux qu’on se promet d’écrire. Les idées les plus brillantes sont celles qu’on rêve de mettre en forme. Les aventures les plus grisantes sont celles que l’on remet à plus tard, les amours les plus belles sont les amours imaginaires.
Rien n’est plus parfait qu’une idée qui reste à l’état de projet.
Il est vraisemblable que si j’avais conservé ce carnet, mon livre n’aurait pas vu le jour. J’ai, en réserve, tant d’autres carnets de notes, de brouillons, de projets inaboutis et de grandes œuvres inachevées.
Quelle est la part de nos vies consacrée à ces chimères ? Difficile à dire. Je me souviens avoir ébauché une théorie sur le sujet : elle faisait des idées non pas le moteur mais le guide de nos actions. Mais cette théorie embryonnaire s’est envolée avec mon carnet.
De la perte de ce carnet, j’en garde un souvenir cuisant. De son contenu, je garde quelques traces mentales, mais vagues, comme des lueurs dans la brume. De ce projet, je garde la nostalgie et surtout l’espoir, sans doute vain, de le faire revivre un jour.
Promis, demain je commence un nouveau carnet.
Bonjour Ô Grand Humanologue
Merci de m’éclairer :
« une théorie sur le sujet : elle faisait des idées non pas le moteur mais le guide de nos actions »
Qui en est le moteur ?
En partage je vous transmets que j’ai demandé au poisson d’avril de me prêter ses branchies pour filtrer les idées noires de l’air ambiant en douce France.
Effet placebo anticipé, déjà efficace !
Un nouvel accompagnement des futurs et jeunes parents
dans le cadre communal.
Oui Monsieur Jean-François DORTIER le cerveau crée continuellement des nouveautés. Francisco VARELA serait d’accord avec ses travaux sur l’enaction cognitive.
Contribution ci-dessous de Frédéric Paulus, docteur en sociologie et en psychologie.
Après avoir créé et animé une Maison des parents et des praticiens de l’enfance de 1981 à 1985 à Paris et après trente années de présence sur l’île de La Réunion, l’intervenant préconise d’informer un large public de parents et des professionnels de la santé et de l’éducation (et toutes personnes impliquées par le sujet) qu’une nouvelle politique d’approche de futurs et jeunes parents pourrait être imaginée et promue par des parents seniors avec un statut des bénévoles auto-désignés dans un premier temps sur les communes. Cette nouvelle politiqe pourrait s’imaginer, au-delà de l’île de La Réunion ou le caractère circonscrit de l’île est favrisant, mais aussi à titre expérimental sur l’hexagone.
Dans un second temps ces nouveaux intervenants des parentalités sensibilisés et accompagnés par nos équipes seraient reconnus et légitimés comme personnes ressources par la voie d’une élection au niveau communal sous l’autorité du Maire. La CAF Caisse des Allocations Familiales devrait se positionner dans cette innovation en démocratie participative se portant garante d’une non politisation partisane en avançant une charte de déontologie de ces nouveaux intervenants.
L’implication de ces « Parents relais citoyens » ayant un vécu de parents, une maturité et un sens empathique pourraient se porter à disposition de jeunes parents organisant et co-animant parfois avec des professionnels de l’enfance des réunions hebdomadaires et mensuelles réunissant de jeunes parents.
L’approche en groupe se différencie avec l’approche individuelle qui risque de générer des rapports de dominant (celui qui sait) et de dominé (celui qui est sensé être dans l’attente d’un conseil). Il s’agit de créer les conditions d’une approche plurielle culturelle et psychique des parentalités. Le cerveau est un formidable organe qui réfléchit a postériori et mais aussi en devançant des réalités idéiques et comportementales. Les risques de déviances seront évoqués.
Mr Paulus se propose d’animer une conférence d’une heure sur ce sujet et pourquoi pas sur la ville d’AUXERRE ? Les participants se répartissant en 2, 3 ou 4 ateliers et l’après midi une synthèse des travaux est réalisée et diffusée.
Le principe de cette journée sera reproduit sur chaque pôle de l’île de La Réunion. Les personnes désireuses de s’associer à cette initiative se feront connaître afin de poursuivre le processus et de l’opérationnaliser sur sa commune dans un second temps. Sur chaque commune devrait pouvoir se créer un staff de travail.
La méthodologie de l’ensemble du processus d’anthropologie appliquée s’apparente à une Recherche-Action dont l’auteur de référence est Roger Bastide (1898-1974).
A Paris, F Paulus, le 18/03/2021.
Bonjour, Ô grand Humanologue
Grand merci pour tout
s’il vous plait :
« ….une théorie sur le sujet : elle faisait des idées non pas le moteur mais le guide de nos actions »
Alors qui en est le moteur ?
Par ailleurs je voulais partager mon idée :
j’ai demandé à des poissons de me prêter leurs branchies pour filtrer les idées noires.
Efficace !
Pythagore a dit, un jour (je ne sais pas lequel exactement), qu’une pensée, c’est une idée de passage. Cette image me plait beaucoup, car j’y entend que la trame, l’idée, est donnée, autonome et active, un peu à la Platon, et le motif qu’on tisse dessus, la pensée, est notre façon unique de mettre l’idée en forme, de créer.
Merci pour ce merveilleux texte que j’ai lu et relu avec un plaisir débordant, et avec des étoiles demain qui ont rempli mes yeux
Demain c’est l’avenir, aujourd’hui c’est aujourd’hui et j’ai encore un peu de temps pour mettre quelques idées pour écrire ces mots dits depuis tant d’années qui deviendront des phrases puis des paragraphes, enfin. J’ai tant d’idées dans ma tête gardées, que ce soir encore certaines prendront une nouvelle forme puisque j’ai trouvé enfin une bonne et salvatrice idée : je prends désormais le temps en plus de mon calepin dans mon sac à malices avant que j’oublie comment écrire toutes ces idées, le temps m’est aussi compté.