Les perroquets vivent en couple pour la vie entière. C’est le cas aussi des loups ou des hippocampes. Les naturalistes ont aussi découvert des cas exceptionnels de vie de couple tant chez les termites que chez les lézards. Dans le monde animal, la monogamie est cependant très rare, sauf chez les oiseaux où elle est la norme. Chez les singes, la monogamie existe chez les gibbons qui, sur ce plan, ressemblent plus aux humains que les gorilles et les chimpanzés
À première vue, la vie sociale des termites ressemble beaucoup à celle des fourmis. Des milliers d’insectes apparentés construisent des villes souterraines, avec chambre royale, galeries, couveuses, greniers, salle d’hibernation, salle de garde, etc. Les termites, comme les fourmis, sont divisées en castes. Les ouvrières sans ailes s’activent à chercher de la nourriture, creuser des galeries, nourrir les larves. Les nymphes ne travaillent pas : ce sont des femelles et des mâles ailés qui ne font que se nourrir en attendant leur heure : le moment de l’envol nuptial. Durant quelques heures, les insectes vont voler, se croiser, se mêler à d’autres venus d’autres communautés, chacun part à la recherche d’un partenaire. Chez les fourmis, la femelle fécondée se débarrasse de ses ailes et se met à construire son terrier. Elle pond ses premiers œufs et les nourrit. Quand les premières nées sont arrivées à maturité, elles prennent le relais. La fourmilière est née. La reine se réfugie alors dans une chambre royale d’où elle ne sortira plus. Sa vie va consister à pondre des œufs en continu, qui seront pris en charge par leur sœurs aînées.
Chez les termites, tout se passe de la même façon à une différence près : quand la femelle a été fécondée, le mâle ne va plus la quitter. Ensemble, ils vont creuser le terrier. Ensemble, ils nourriront les premières larves ; et c’est ensemble qu’ils vont s’installer dans la chambre royale. Ils y passeront toute leur vie : parfois pendant vingt ans !
Une autre espèce d’insectes a adopté le mode de vie en couple monogame : le bousier. Chez ces amateurs de crottes de vache, mâles et femelles vivent aussi en couple. Ils s’associent pour creuser leur terrier et l’approvisionner en boules d’excréments qui font les délices de leurs larves.
La monogamie est toutefois exceptionnelle chez les insectes, comme d’ailleurs dans la plupart des autres groupes animaux. Les naturalistes ont bien repéré quelques crustacés monogames comme le homard, la crevette revolver ou encore le cloporte de Réaumur.
Chez les poissons, il y a aussi des exceptions notables. Chez le poisson-papillon, les accouplements ont lieu exclusivement entre deux partenaires. Ils forment ensuite un couple uni. Ces deux-là coopèrent pour défendre leur territoire et s’occuper de leur progéniture. Chez les poissons, l’autre cas emblématique de monogamie est celui des hippocampes. Avec leur petite tête de cheval et leurs nageoires qui vibre comme des ailes, les hippocampes n’ont rien d’un poisson, pourtant ils le sont. Leur vie de couple est aussi très originale et apparemment très romantique. Tout commence par une parade nuptiale. Le mâle se présente à la femelle en lui faisant des révérences. Si la séduction opère, les deux tourtereaux se livre alors à une danse qui peut durer des heures. Enfin a lieu l’accouplement. Une fois que la femelle a pondu ses œufs, un phénomène étonnant se produit : le mâle récupère les œufs dans sa poche ventrale et les couve jusqu’à éclosion. Chez les hippocampes, ce sont donc les mâles qui portent les petits. Une fois que ces derniers sont sortis du ventre de leur père pour mener leur vie, les parents vont rester ensemble. Pour toute la vie.
Des mâles qui se chargent de la gestation de leur progéniture, le fait n’est pas isolé dans le monde animal. Dans mon jardin, à Auxerre, j’entends au début de l’été le chant des « crapauds accoucheurs » (des « pup pup » très mélodieux). Chez ces minuscules crapauds, les mâles s’emparent des œufs de la femelle et les collent sur leur dos pour les transporter avec eux.
Les naturalistes ont découvert aussi quelques cas de monogamie chez des lézards (le lézard dormeur) et quelques araignées d’Arizona.
Si chez les invertébrés la monogamie reste l’exception, en revanche elle est la norme chez les oiseaux. Sur les 10 000 espèces de d’oiseaux recensés, 85 % pratiquent la vie en couple. Pour certains, comme les perroquets, le couple reste fidèle à vie. Chez la majorité des oiseaux, le couple ne dure que le temps d’une ou deux saisons. L’union se fait après que le mâle a attiré les femelles par son chant (qui a aussi pour fonction d’éloigner les rivaux) et a construit un nid. Une fois le couple formé et les œufs pondus, mâle et femelle vont alterner pour les couver puis pour nourrir les jeunes. À noter que la monogamie des oiseaux n’est pas toujours synonyme de fidélité des partenaires. Les tests génétiques ont montré qu’il n’est pas rare qu’un mâle ait dans son nid des oisillons nés d’une union coupable entre la femelle et un autre oiseau de passage…
Du côté des mammifères, la monogamie ne concerne que 5 % des espèces : le cas emblématique est celui du loup, mais le castor, le blaireau, la mangouste, quelques espèces d’antilopes et de musaraignes forment aussi des couples stables.
Les loups, on le sait, vivent en meutes. À la tête de chaque meute se trouve un mâle et une femelle alpha. Eux seuls s’arrogent le droit de se reproduire. Au sein de la meute, les aînés s’occupent des louveteaux. À l’adolescence, une partie des jeunes sont chassés du groupe : ils mènent alors une vie solitaire avant de trouver une partenaire et former à leur tour leur meute. D’autres mammifères pratiquent la monogamie : c’est le cas des castors, des mangoustes ou des belettes.
Voyons maintenant ce qu’il en est des primates et, parmi eux, nos plus proches parents, les grands singes : orang-outang gibbons, gorilles et chimpanzés, Plusieurs cas de figures se présentent. Seuls les gibbons sont monogames. Les petits vivent au contact de leur parents durant quelques années, puis quittent le cocon familial pour fonder leur propre famille. À noter que les mâles ne s’occupent pas vraiment de leurs petits. Ce n’est pas nécessaire : une fois que les petits ont fini d’être allaités, ils se nourrissent seuls.
Les orangs-outans, eux, vivent en solitaire. La cohabitation entre mâles et femelles reste donc très éphémère – le temps des amours. Puis chacun part vivre de son côté. Du côté des gorilles, c’est une structure de harem qui prévaut : un mâle dominant vit entouré de plusieurs femelles, jusqu’à ce que le vieux mâle au dos argenté soit chassé et remplacé par un jeune prétendant venu le déloger. Les chimpanzés vivent en communautés multimâles et multifemelles. Il ne s’agit pas vraiment de promiscuité totale : un mâle dominant et ses alliés ont un accès privilégié à plusieurs femelles réceptives.
Voilà donc ce qu’il en est de la vie de couple dans le monde animal.
Dans un prochain billet, nous verrons ce qu’il en est de la monogamie chez les humains.