Le monde se dénatalise. L’Europe n’est pas le seul continent à connaître un effondrement des naissances. La tendance est mondiale et brutale. Aucun pays n’y échappe. Mais que se passe-t-il ?
Vladimir Poutine vient de demander aux femmes russes de faire comme leur grand-mère, « qui faisait sept ou huit enfants ». Une « merveilleuse tradition » selon le chef du Kremlin ! Il n’est pas sûr que cela suffise à donner des ardeurs aux bonnes citoyennes russes. Le pays perd des habitants : la population russe était de 150 millions d’habitants au début des années 1990, elle est tombée à 140 millions aujourd’hui. Selon les estimations de l’ONU, elle pourrait baisser à 120 millions d’habitants d’ici 2050. Les exhortations de Poutine n’y changent rien. Dès 2008, le dirigeant avait accompagné ses appels à un sursaut patriotique de natalité en créant un « ordre de gloire aux parents ». Les familles de sept enfants ou plus reçoivent environ 7 000 euros (700 000 roubles). Les réductions d’impôts, les généreuses allocations familiales, sans parler des primes à la « mère héroïne » (10 000 euros aux mères de plus de 10 enfants), rien n’y fait : le taux de fécondité continue à baisser et le pays à se dépeupler.
En Corée du sud, au Japon, à Singapour ou à Hong Kong dont les taux de natalité sont les plus bas du monde (0, 7 enfants par femme), les aides publiques ne changent pas la donne[1]. En Corée par exemple, l’État offre une allocation de plus de 500 euros par mois et par enfant la première année et fait appel à une main d’œuvre étrangère de nounous pour aider les femmes.
Il est des pays qui se réjouissent de la baisse de la natalité. C’est le cas de l’Égypte. Il y a quelques années, le pays redoutait la « bombe démographique », un doublement rapide de la population à 200 millions. Les dirigeants ont encouragé la limitation des naissances en créant des centres de planning familial, en facilitant la distribution des contraceptifs. Une campagne publicitaire avait été lancée. Son slogan : « deux, c’est mieux ». La campagne semble avoir porté ses fruits puisqu’en cinq ans le taux de natalité est passé de 3,5 enfants par femme à moins de 3 en 2023. Un autre effet a sans aucun doute pesé dans la balance : la poussée de l’inflation qui rend le prix de la nourriture et des couches de plus en plus cher. Le coût d’un bébé est désormais quatre fois plus cher qu’il y a cinq ans.
En France aussi, l’effondrement de la natalité
En 2023, le pays a connu une chute historique de près de 7 % du nombre de naissance par rapport à l’année précédente. Depuis 2011, le nombre de naissance par an n’a cessé de baisser, (à l’exception d’un léger rebond en 2021, du à « l’effet Covid ».
Si le taux de fécondité en France reste le plus élevé de l’Union européenne, avec 1,8 enfant par femme (la moyenne de l’UE est de 1,5), il est passé au-dessous du seuil de renouvellement naturel de la population (qui est de 2, 1).
Mais que se passe-t-il ?
Les explications ne manquent pas. Au Japon, on évoque le manque de structures pour l’accueil des enfants ; les femmes évoquent le manque de participation des hommes. Le prix exorbitant des loyers joue manifestement un rôle au sein des grandes villes du monde. Il y a quelques années, les experts de l’ONU évoquaient un changement de mentalité chez les femmes des pays en voie de développement. Elles découvrent à la télévision un modèle attractif, celui des femmes occidentales libres et indépendantes. Les séries télévisées et les magazines auraient plus d’impact que le planning familial.
Dans Le Rendez-vous des civilisations, les démographes Emmanuel Todd et Youssef Clourbage constataient que la baisse de la natalité était un phénomène universel, concernant tous les pays du monde quelque soit leur niveau de développement ou leur religion ou régime politique. Les démographes mettaient en relation cette baisse de la natalité avec le taux d’alphabétisation des femmes. Ce sont les deux variables les plus corrélées. Plus les femmes sont éduquées, moins elles font d’enfants.
Il se peut aussi que le niveau d’alphabétisation traduise un fait plus profond. L’alphabétisation est associée à l’activité salariée, elle-même liée à l’urbanisation. Les femmes qui vivent en ville, vont à l’école, occupent un emploi, veulent avoir moins d’enfants tout simplement parce qu’on ne va pas au bureau ou à l’atelier avec un bébé attaché sur le dos et deux petits qui vous courent entre les jambes. Cela est le cas des femmes africaines ou indiennes qui vivent en zone rurales ou des femmes au foyer qui vivent en zone urbaine. La situation des jeunes femmes émancipées qui étudient puis travaillent change fondamentalement la donne familiale.
Les nouvelles générations de femmes au Sénégal ou en Inde l’ont bien compris. Ce sont elles qui incitent leurs petites sœurs à suivre une autre voie que celle de leurs mères.
Dans les pays développés, les enfants sont non seulement un coût très élevé et un obstacle à la carrière professionnelle des femmes : il est un obstacle à la liberté individuelle. De plus en plus de femmes n’hésitent plus à l’affirmer ouvertement. Un enfant ? non merci, je préfère encore un animal de compagnie[1] !
[1] « Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant). », Hélène Gateau, 2023. Féminisme : celle qui ne veulent pas avoir d’enfant. Art TV. Avril 2023.
Taux de natalité et taux de fécondité
Le taux de natalité (birth rate en anglais) désigne le nombre de naissance pour 1 000 habitants. En France, le taux de natalité en 2021, était de 11 pour 1 000 habitants. Le taux de fécondité désigne le nombre de naissances par femme en âge de procréer (de 15 à 50 ans sur l’année). En France, en 2022, le taux de fécondité s’élevait à 1,8 enfant par femme.
Pas vraiment une question de liberté. Plutôt de confort individualiste… ce qui prime c’est l’individu et non le collectif. Mais c’est la société qui crée l’individu et non le contraire n’en déplaise aux rousseauistes ! La preuve, tout « individu » reçoit un prénom (ou un nom), il ne se donne pas un prénom (ou un nom). Cette donnée est anthropologique et universelle…
J’ajouterai une donnée sur la sexualité en occident. Aujourd’hui, les pratiques qui se développent sont le sexe buccal ou anal et la masturbation partagée (via les sites pornographiques notamment) or cette sexualité ne reproduit pas et à moins besoin de contraceptif. Sans parler des pratiques homosexuelles qui par essence sont stériles. Ce phénomène touche en priorité les générations en âge de procréer quelque soit le milieu.
Une étude plus globale permettrait d’éclairer ce phénomène et l’impact sur la natalité en occident mais aussi en Asie voir en Inde où la pornographie est devenue très présente depuis une décennie. Peut être aussi un résultat de l’urbanisation .