De Blanche-Neige à La Reine des neiges, de Zorro à Naruto, les héros de l’enfance se suivent et ne se ressemblent pas tout à fait. Car à partir d’intrigues similaires – bâties sur les épreuves de la vie –, les auteurs de contes pour enfants s’adaptent aussi aux nouvelles valeurs de notre époque.
Enfant, je courais en chevauchant Pégase, mon cheval imaginaire. Je bondissais, me cabrais, hennissais et me frappais le derrière : « Allez, hue, dia, ola ! plus vite ! ». J’étais à la fois le cheval et le cavalier. À l’école primaire, je me souviens avoir joué dans la cour de récréation aux « Trois mousquetaires ». Armés d’une épée invisible, mes camarades et moi combattions l’ennemi : « Tous pour un, un pour tous ! »
Enfant, il y avait peu de livres et magazines à la maison, et pas de télévision. Elle est arrivée assez tard, à la fin des années 1960, et avec elle Zorro et Thierry la Fronde. Auparavant, quels étaient mes héros d’enfance ? J’ai du mal à me souvenir. Sans doute des personnages assez abstraits : gendarmes, cow-boys, chevaliers, pirates… Aujourd’hui, les enfants ont tous accès à des bouquets numériques de chaînes télé, sont gavés d’images, d’histoires et de personnages. Ils croulent sous les livres et les magazines. Quel effet cela peut-il avoir sur leur imagination ?
Héros d’autrefois
Dissipons d’abord une idée fausse. Les enfants d’autrefois, ceux du 19e siècle par exemple, ne vivaient pas dans un vide culturel et n’étaient pas privés de récits, d’aventures et de modèles auxquels s’identifier.
L’école leur fournissait d’abord son lot d’épopées et de personnages héroïques : Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Bayard et autres chevaliers du temps passé. Chaque pays a construit son lot de héros et légendes. La religion était également une grande pourvoyeuse de récits glorieux : Noé sauvant les animaux du déluge, Moïse séparant les eaux, David terrassant Goliath, Jésus accomplissant ses miracles.
Les croyances populaires, transmises lors des veillées dans les chaumières, donnaient vie aux méchantes sorcières et au petit peuple des forêts (elfes, djinns, lutins ou trolls). À la nuit tombée, un conteur venait distraire grands et petits avec des histoires de loup-garou, de Barbe bleue ou de Merlin l’enchanteur(1).
Chaque famille, chaque village, avait aussi ses vrais héros : un oncle qui s’était battu en 1870 (et « avait zigouillé plein d’Allemands ») ou un cousin qui s’était embarqué pour l’Amérique(2).
L’imaginaire de l’enfant se nourrissait de toutes ces références mêlées.
La nouvelle industrie de l’imaginaire
Au 20e siècle, de nouvelles images, de nouveaux héros ont commencé à déferler avec le support des illustrés et des livres destinés à la jeunesse, puis avec le cinéma et la télévision. Une industrie de l’imaginaire enfantin a alors vu le jour avec ses nouvelles générations de héros : Tintin, Astérix, Zorro, Tarzan, Heidi, Martine, Pif, Spirou, Rintintin, Hulk, Babar, Doctor Strange, Mowgli, Captain America, etc(3). Les nouveaux héros du 21e siècle s’appellent Harry Potter, la Reine des neiges, One Piece, Bob l’éponge, Spirit, ou Tchoupi.
Quels effets cette surexposition d’images et de récits produit-elle sur les enfants ? Il est bien difficile de le savoir.
Une idée reçue est toutefois à écarter : celle de ne voir dans l’enfant qu’un spectateur passif, absorbant, telle une éponge, tout ce qui défile devant ses yeux. Comme devant son assiette, l’enfant sait être très sélectif en matière de fiction. Les parents en savent quelque chose : ils ont beau chercher à suggérer les « bonnes lectures » ou contrôler les écrans, l’enfant finit par prendre les (télé)commandes. C’est lui qui détourne la tête quand l’histoire du soir ne lui plaît pas, ou qui demande qu’on relise cinquante fois la même histoire. Platon l’avait déjà noté en son temps : les enfants ne se laissent pas facilement dompter – « De tous les animaux, c’est l’enfant le plus difficile à manier. (…) C’est une bête rusée, astucieuse, la plus insolente de toutes(4). » Les études de sociologie des médias le confirment : le public, qu’il soit enfant ou adulte, ne se comporte que rarement en récepteur passif. Il filtre, interprète et assimile à sa manière ce qu’il voit ou entend(5). En matière d’imaginaire, les médias proposent, le public dispose. Plus précisément : l’auteur crée, le producteur finance et promeut, les parents tentent de guider et orienter. Au final, l’enfant s’approprie ses idoles ou s’en détourne.
L’industrie de l’imaginaire enfantin – notamment les grands studios d’animation comme Disney, Pixar ou DreamWorks – possède pourtant une puissance de feu gigantesque, mais sa force de frappe promotionnelle ne suffit pas à garantir un succès. Même les studios Disney ont connu des échecs commerciaux. D’ailleurs, à la mort de leur créateur, Walt Disney, en 1966, puis de son frère en 1971 (qui lui avait succédé), les studios ont connu un déclin. À l’époque, la magie Disney ne fonctionnait plus. L’entreprise a même frôlé la disparition ! Il a fallu attendre un renouvellement de la direction et l’arrivée de nouveaux scénaristes pour que, dans les années 1990, les studios retrouvent leur splendeur et le succès. La réussite d’un film d’animation à gros budget n’est en rien une garantie. Dans les années 1980, les lancements de Rox et Rouky et de Taram et le chaudron magique furent des échecs commerciaux. Inversement, le succès planétaire de la Reine des neiges a surpris jusqu’à ses promoteurs. Quant à J.K. Rowling, la créatrice d’Harry Potter, elle s’est vu refuser son manuscrit par huit éditeurs (« Les enfants ne liront jamais des pavés de 400 pages ! » lui répondait-on) avant qu’un petit éditeur consente à tirer son premier livre à … 500 exemplaires.
Les effets des écrans sur les petits : que sait-on vraiment ?
Si l’on en croit certains discours alarmistes, les écrans rendraient nos enfants idiots, instables, agressifs, et atrophient leur imagination.Les recherches scientifiques sur le sujet sont en général beaucoup plus prudentes et contrastées(1).
Les jeux vidéo de guerre peuvent avoir un effet limité sur une petite minorité d’enfants, mais en aucun cas un effet direct et massif. Hors de quoi, les heures passées face à des jeux vidéo violents auraient produit des hordes de tueurs psychopathes. Le jeu Fortnite, par exemple, consiste à tuer un maximum d’adversaires qui surgissent de partout et éviter de se faire tuer à son tour. Il est l’exemple prototypique de tous les jeux de combat. Mais est-il si différent dans son principe des petits jeux de guerre d’antan, quand on jouait aux gendarmes et aux voleurs, aux cow-boys et aux Indiens, ou à la « guerre des boutons », en référence au roman de Louis Pergaud (2) ? Tous ces jeux se résument au même schéma simple : tuer son ennemi (« Pan, t’es mort ! ») et ne pas se faire tuer. Tous les petits garçons de la Terre (et pas mal de filles) qui ont tiré sur des milliers d’ennemis imaginaires, sont finalement devenus, adultes, de paisibles citoyens et non des assassins sanguinaires.
Concernant les effets des images sur le langage, les résultats sont très mitigés : des études tendent à montrer que les écrans appauvrissent l’expression orale, d’autres qu’ils enrichissent le vocabulaire. L’impact des écrans est difficile à mesurer du fait de la diversité des types de médias, du dessin animé à contenu éducatif aux jeux vidéo au contenu culturel le plus sommaire. Janet Radesky, spécialiste reconnue de l’effet des écrans sur le langage des petits, l’a prudemment conclu, et admet : « Il y a du bon, du mauvais, et surtout… de l’inconnu (3). »
Les académies qui rassemblent des spécialistes et sont chargées de formuler des propositions sont très partagées. « Pas d’écran avant 3 ans », recommande l’Académie des sciences en France ; pas avant 2 ans selon l’Académie canadienne et 18 mois pour son homologue américaine. Toutes s’accordent cependant sur une certitude : trop d’écrans entraînent des effets négatifs sur le sommeil et la santé, car figé devant l’écran, l’enfant manque d’activité physique et a tendance au grignotage.
Finalement, on aboutit toujours à des mesures de bon sens : limiter le temps d’exposition aux écrans, contrôler les images et accompagner en discutant avec eux de ce qu’ils voient.
(1) Voir le document « Analyse des données scientifiques : effets de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans », Haut Conseil de la santé publique, 2020.
(2) Lire « De “la guerre des boutons” à la guerre des gangs », L’Humanologue n° 2.
(3) J. S. Radesky, J. Schumacher et B. Zuckerman, « Mobile and Interactive Media Use by Young Children : The Good, the Bad, and the Unknown », Pediatrics no 135, 2014.
Les héros sont-ils éternels ?
Le succès d’une histoire dépend de sa capacité à toucher les cordes sensibles de son public et les auteurs et producteurs le savent bien. Ils créent leur récit, leur univers, leurs intrigues, leurs personnages à partir d’ingrédients, toujours un peu les mêmes, et qui font recette : des héros auxquels le public peut s’identifier, des épreuves de vie, des méchants à combattre, des faibles à protéger, des énigmes à résoudre, des aventures trépidantes où le danger menace… Une infinie variété d’histoires prend forme à partir d’un petit nombre de thèmes et de trames fondatrices. Walt Disney n’inventait guère d’histoires quand il puisait dans un vieux fonds de contes traditionnels : Blanche-Neige, La Belle au bois dormant, Peter Pan.
Pour autant, les messages changent avec le temps. Un même schéma narratif peut transmettre des valeurs différentes. La sociologue italienne Marina d’Amato, spécialiste de l’industrie de l’imaginaire, a analysé les transformations des contes et récits pour enfants(6). Aujourd’hui, les films d’animation véhiculent des valeurs en harmonie avec l’air du temps : la défense de la nature, les mythes futuristes (robot, intelligence artificielle) et un certain individualisme tourmenté (avec la récurrence d’un personnage en quête de soi et devant surmonter ses faiblesses).
Un des faits marquants de l’époque est la promotion de jeunes héroïnes émancipées. Dans les contes traditionnels, Cendrillon, Blanche-Neige, ou la Belle au bois dormant étaient des filles modèles, gentilles, affectueuses, un peu « nunuches » avec leur rêve de beau prince charmant. La morale des récits épousait d’ailleurs souvent cette candeur : « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. »
La Reine des neiges, succès mondial, propose une inversion des valeurs. Au départ, Anna, l’une des deux sœurs, tombe amoureuse d’un beau prince. Hans a tout pour plaire : il est beau, jeune, riche, amoureux fou d’Anna. Il suffirait de la permission d’Elsa, la grande sœur. Mais celle-ci refuse en mettant en garde sa cadette : « Non Anna, tu ne dois pas céder à tes impulsions. Méfie-toi de tes désirs. Ils risquent d’être éphémères et te tendent des pièges. » Au fil du scénario, on découvrira qu’Elsa a raison, et le beau prince se révélera un fieffé méchant. Anna va finalement se déprendre de son amoureux. Le film se conclut par la fameuse chanson que connaissent des centaines de millions de petites filles par cœur : « Libérée, délivrée ! » Délivrée d’une illusion, d’une passion éphémère et dangereuse et d’un destin écrit d’avance. Selon Marianne Chaillan, qui a analysé la philosophie implicite des films de Walt Disney(7), La Reine des neiges donne aux filles une leçon de vie épicurienne : le bonheur n’est pas dans la satisfaction de ses désirs immédiats. Il faut se déprendre de ses impulsions pour prendre sa vie en main.
Le profil des héroïnes émancipées n’est d’ailleurs pas tout à fait neuf. Quand on demande à Caroline Fourest si c’est la lecture de Simone de Beauvoir qui a fait d’elle une militante féministe, elle répond : « Non, c’est Caroline(8). »
Parmi les autres thèmes en vogue dans les scénarios des dessins animés des grands studios : le respect des différences, la lutte contre l’injustice, la non-violence. Naruto, le manga le plus diffusé au monde peut se lire comme un roman d’apprentissage où un sale garnement, égoïste et méchant va se transformer en un ninja modèle en apprenant le goût de l’effort, le travail d’équipe et le respect d’autrui .
Il faut le rappeler : les héros de l’enfant ne sortent pas pied en cap du cerveau de l’enfant. Ce que l’on a nommé « l’imaginaire de l’enfant » – l’univers des contes et des récits – est avant tout une création d’adultes. Des adultes soucieux de transmettre un message et/ou de vendre leur produit. Mais pour toucher un public précis, il leur a fallu se conformer à certaines de ses attentes. L’imaginaire de l’enfant est aussi une affaire d’offre et de demande. Du côté de l’offre, des producteurs bien intentionnés qui cherchent à diffuser de bonnes valeurs et à vendre leur produit. Côté de la « demande », un public exigeant, qui fait valoir ses goûts et ses attentes en élisant certaines idoles ou en tournant le dos à d’autres.
Qui fabrique les héros de l’enfance ? Ni une production spontanée des enfants (leur imaginaire est pauvre), ni une industrie toute puissante qui les conditionne (ils savent sélectionner la marchandise), mais une combinaison symbiotique des deux. Cette association entre offre et demande rend presque impossible d’échapper à la puissance d’attraction des héros de l’enfance. •
(1) Voir « Le conte : raconte-moi une histoire », L’Humanologue n° 3.
(2) Voir « Dans la peau d’un paysan d’autrefois », L’humanologue n° 6.
(3) Dans son livre Légendes (P.O.L., 2002), Martin Winckler, raconte comment les héros de feuilleton ou de BD de son enfance lui ont fourni des compagnons de vie aussi présents que les personnes de son entourage. Jonathan Franzen évoque quant à lui dans La Zone d’inconfort (L’Olivier, 2007), comment l’enfant et l’adolescent chétif qu’il était, mal dans sa peau et solitaire, trouvait le réconfort dans les réflexions philosophiques de Charlie Brown et Snoopy.
(4) Platon, Les Lois, 808d.
(5) Voir Jean-François Dortier (dir.), La communication : des relations interpersonnelles aux réseaux sociaux, Éditions Sciences Humaines, 2016.
(6) Lire Téléfantaisie, la mondialisation de l’imaginaire, Presses universitaires de Laval, 2009.
(7) Ils vécurent philosophes et firent beaucoup d’heureux. La sagesse des chefs-d’œuvre de Walt Disney, Alpha/Humensis, 2022.
(8) Entretien, L’Éléphant, été 2022. Caroline est une héroïne d’albums jeunesse, créée en 1953 par les éditions Hachette, un an avant sa « rivale », Martine.
Le monde selon Naruto
Lucien, huit ans, grand lecteur de BD et de mangas m’a fait découvrir le monde de Naruto. Sa collection comporte 32 volumes (sur les 72 actuellement parus). À première vue, Naruto représente pour moi l’image même de la barbarie culturelle : un manga ? A priori, une succession de combats, d’arts martiaux, de visages en gros plans aux mimiques simplistes, des gentils héros qui combattent des méchants dotés de pouvoirs magiques.
J’ai tenté de surmonter mes préjugés en ouvrant un des volumes (en commençant par la dernière page comme il se doit avec les mangas). J’ai vite été désarçonné ! Trop de personnages qui se ressemblent, trop de dialogues hermétiques et de situations qui m’échappent. J’ai renoncé.
Puis, une émission de France Culture a par hasard attiré mon attention : des spécialistes de pop culture (aujourd’hui, les séries HBO ou Netflix, les romans graphiques et les BD ont droit de cité chez les intellectuels) y devisaient doctement de la série Naruto. Le manga culte avait trouvé grâce auprès des élites culturelles ! Il fallait donc que j’aille y voir de plus près. Après de nouvelles tentatives, et grâce à l’aide de Wikipédia, de quelques vidéos, des conseils de Lucien et du livre d’Arnaud Jahan, La Philosophie selon Naruto (1), j’ai pu enfin m’initier à cet univers.
Naruto est, au début de la saga, un jeune garçon qui rêve de devenir ninja et chef de son village. Pour cela, il doit donc réussir l’entrée dans l’école des ninjas, y apprendre les techniques de combats et acquérir des « pouvoirs » qui l’aideront à accomplir des missions (contre les ennemis du village). Jusque-là, Naruto fait songer à Harry Potter à l’école des sorciers. Sauf qu’il n’a rien du gentil garçon surdoué, c’est même l’inverse : c’est un sale garnement, moqueur, harceleur, égoïste, narcissique et… le moins doué de sa classe.
Pour atteindre son rêve, Naruto va donc devoir se discipliner et mener un combat contre lui-même. Ce qui n’est pas simple, car on apprendra plus tard que le garçon est « possédé » par un démon intérieur : le Renard à neuf queues, « scellé » en lui à sa naissance.
Au fil des épisodes, Naruto va affronter des épreuves existentielles très humaines : il doit apprendre à maîtriser ses mauvais penchants, faire équipe (ce qui cadre mal avec l’égoïste qu’il était) et faire preuve d’humilité (ce qui s’accorde mal avec son narcissisme). Bref, Naruto va devoir grandir et s’assagir pour atteindre son but. Et dans ce long parcours semé d’embûches, il va connaître des désillusions, des trahisons, des échecs cuisants, des moments de rédemption, etc. Soit des aventures multiples au cours desquelles il va faire des découvertes sur lui et sur les autres.
Les ingrédients du succès
L’histoire de Naruto est donc moins une série de combats entre gentils et méchants, qu’un catalogue d’épreuves existentielles et morales où l’amitié, l’amour, le pardon, la détresse, le sacrifice, le désespoir, la sagesse jouent un rôle majeur. Le monde de Naruto comporte une dimension tragique : il n’oppose pas des personnages stéréotypés, car on découvre au fil des épisodes que des amis peuvent vous trahir, que les méchants peuvent avoir de bonnes raisons de mal agir et que les forces du bien ont leurs côtés obscurs. Les relations personnelles – amitiés, alliances, conflits, écoute, pardon, désillusions, tractations, soumissions – sont des ingrédients clés de l’intrigue.
Le thème du jeune garçon qui se mue peu à peu en héros, au prix d’épreuves multiples, est le fonds de commerce de la plupart des mangas. C’est également le cas de One Piece, l’autre série culte aux centaines de millions de lecteurs de par le monde. Au Japon, ils font partie de la tradition des mangas « shonen » qui s’adressent spécifiquement aux jeunes garçons. Mais Masashi Kishimito, l’auteur et dessinateur de Naruto a réussi à conquérir un public plus vaste, féminin et de jeunes adultes, en introduisant une multiplicité de personnages de sexe, âge et personnalités différentes.
Ces personnages sont dotés d’une psychologie assez riche, avec des conflits intérieurs, des doutes, des moments de détresse. Ils font des erreurs, débattent de leurs émotions et de leurs choix, bref, ils font de la psychologie. Tous ces éléments ont une forte résonance dans un public d’adolescents et de jeunes gens : cela leur parle, car cela fait partie de leurs préoccupations intimes.
La morale de l’histoire
Naruto possède aussi une forte composante morale. Le mauvais garçon qu’était Naruto au début de l’histoire va s’assagir. Il est finalement devenu ninja, puis lui-même professeur dans l’école, permettant à une nouvelle génération de jeunes apprentis ninja de reprendre le flambeau.
(1) Éditions de l’Opportun, 2022.
Bonne nouvelle: les héros d’aujourd’hui remplissent donc toujours leur rôle éducatif, en ayant l’intelligence de s’adapter aux changements socio- culturels définissant une palette bien moins sclérosée et genrée que dans les sociétés patriarcales antérieures. On respire!