Le 9 juin 2022, un adolescent a tué sa copine de 14 ans à coups couteaux, à l’arrière de l’école primaire de son village. Cela se passait à Clessé, une bourgade tranquille de Saône-et-Loire.
Deux semaines plus tôt, les médias titraient sur le carnage survenu dans une petite ville du Texas. Un jeune homme de 18 ans, s’est introduit dans un école primaire, armé de fusils d’assaut et à exécuté de sang-froid 19 enfants et deux adultes (avant d’être lui-même abattu par la police).
Quelques jours plus tard, un crime horrible impliquant des adolescentes a eu lieu au Guatemala. Le 4 juin 2022, trois adolescentes ont été arrêtées alors qu’elles étaient en train de décapiter une jeune fille de leur âge dans un appartement. Les trois meurtrières avaient entre 14 et 17 ans. Leur victime, décédée à l’arrivée de la police, avait 15 ans.
De tels faits suscitent autant l’effroi que l’incompréhension. Ils mettent au défi notre conception de l’humanité.
Pourquoi ?
Devant la difficulté à expliquer de tels actes, on invoque toujours les mêmes causes : les jeux vidéo ultra-violents, la carence d’éducation parentale, les troubles de l’adolescence quand ce n’est pas « violence éternelle », tapis au cœur de la nature humaine et toujours prête à resurgir.. Mais ces explications cadrent mal avec la réalité. On ne peut expliquer des cas rarissimes par des explications générales. Seules des causes exceptionnelles peuvent expliquer des faits exceptionnelles.
En France, tous les ans, une cinquantaine de mineurs sont impliqués dans des faits d’homicides ou de tentatives d’homicide, soit un adolescent sur 100 000 environ, soit 0, 00001 %. Ce chiffre est à comparer aux nombres d’adolescents qui jouent aux jeux vidéos violents, aux nombre d’enfants mal éduqués et aux nombres d’adolescents qui présentent des troubles du comportement. La délinquance, la violence, les troubles.. c’est le lot commun des services sociaux. Les crimes adolescents restent heureusement rarissimes.
Il peuvent être regroupé en quatre catégories :
– Les tueries. Les auteurs de massacres, du type que celle du Texas (et dont fusillade de Colombine a été le cas princeps est propre aux Etats-Unis et ne concerne pas que les adolescents. A la vente libre des armes de combats (sans laquelle ces tueries ne seraient possibles), s’ajoutent les troubles psychologiques des tueurs.
– La vengeance personnelle. Le crime de Saône et Loire appartient à la catégorie plus générale des violences « féminicides » qu’on appelait autrefois « crimes passionnels ». La cause immédiate en est la vengeance amoureuse. Ce qui est atypique ici est le profil du tueur : un garçon de 15 ans, qui a de surcroît prémédité son geste.
– Les règlements de compte. Le cas le plus fréquent d’homicides par des mineurs concerne les règlements de compte entre bandes rivales. Il s’agit souvent d’un jeune dealer abattu par un autre de son âge, sur ordre. L’assassinat est ici prémédité et commis par un tueur ou un petit commando.
– Les bagarres entre bandes qui dégénèrent relèvent d’un autre cas de figure. L’homicide n’est pas prémédité et les personnes impliquées agissent en groupe, dans le feu de l’action. La justice peine souvent à discerner les responsabilités individuelles.
Le cas des jeunes meurtrières qui ont égorgé une fille de leur âge, se situent dans contexte est très spécifique : celui de la guerre des gangs en Amérique centrale. Dès l’adolescence, des gens y sont sélectionnés, entraînés et poussés à commettre des crimes atroces. Leur acte barbare ne relève pas de la sauvagerie spontanée mais d’un acte de terreur, destinée explicitement à horrifier et intimider le clan adverse. Les trois adolescentes impliquées font partie du gang Barrio 18, un des gangs les plus violents d’Amérique centrale.
A faits exceptionnels, causes exceptionnelles
Face à l’horreur l’esprit et l’inconnu s’emballe vite. Il lui faut trouver des explications et si possible des responsables.
Il est courant d’invoquer des causes générales – une société qui va mal, la nature humaine malfaisante, l’éducation qui part à vau-l’eau, une culture de la violence, etc. pour rendre compte ce que l’on ne comprend pas. A faits exceptionnels, causes exceptionnelles. Nul ne possède toutes les clés pour expliquer ces faits macabres. Ces faits étant, fort heureusement extraordinaires, ils ne peuvent être expliqués que par des conjonctions de causes qui le sont aussi.
Texte très intéressant et plein de bon sens. L’explication de ces faits horribles reste à trouver. Mais des crimes plu courants que ceux-là sont également mystérieux. Comment, par exemple, quelqu’un peut-il être ou devenir assez inhumain pour assassiner son conjoint pour obtenir le montant de son assurance vie? Ou pour enlever, violer et tuer une jeune femme? Etc.