Le PIB français a bondi de 7% en 2021, c’est un résultat proprement historique. Il est dû, bien sûr, à un effet de rebond : en 2020, le PIB avait chuté de 8%. Mais la performance est tout de même inattendue. En une année, la crise économique déclenchée par la crise sanitaire été effacée. La baisse impressionnante du chômage (- 12% sur l’année) témoigne aussi de la vitalité de l’économie. Au printemps 2020, j’étais personnellement très pessimiste pour l’avenir de l’économie (je croyais à un crise allait être durable, profonde, dramatique) ; je pensais aussi à l’époque que la crise sanitaire serait moins grave et plus passagère qu’elle ne l’a été.
Je me suis trompé sur les deux tableaux.
En revanche, le scénario de l’effondrement, annoncé par les collapsologues ne m’a jamais convaincu. La théorie des dominos sur laquelle repose l’idée d’effondrement est-elle aussi évidente qu’elle en a l’air ? Le monde formerait un système dont les différentes composantes : climat, environnement, économie, finance, social, politiques – sont très fortement imbriqués, de sorte que la chute d’un des dominos peut faire chuter les autres en cascade. Or, si la crise sanitaire a déclenché une brutale récession économique, il ne s’en est suivi ni crise financière, ni crise sociale, ni même d’effondrement économique d’ensemble. Les mesures de soutien des secteurs fragilisés ont fait leur effet et éviter le scénario de l’effondrement.
L’épreuve majeure qu’est la crise du Covid fournit même une preuve par la négative d’une forte résilience de nos sociétés. Elles ont, jusque-là plutôt bien tenues le choc.
Ce qui confirme ma prédiction faite l’an passé dans L’Humanologue1
Quelques petits bémols, tout de même ! Le PIB remonte de 7 % ? Mais par rapport à 2020, quand il a chuté de… 7,9 % ! simple rattrapage, en fat, et même pas complet. Le chômage baisse ? Certes, mais quelle est la part des radiations dans ce chiffre de 12 %, sachant que les critères de radiation ont justement été renforcés en 2021 ? Et quelle est la part, en fait très importante, des contrats précaires, au premier rang desquels on peut classer les CDD ?
Tout est (très) relatif. Comme cette économie et cette finance mondiales qui ne se sont pas effondrées : jusqu’à quand ? On n’est, en temps normal, jamais à l’abri d’une crise financière, tant ceux qui possèdent le plus jouent avec le feu. Mais aujourd’hui, alors que des milliers de milliards de dollars ont été dépensés sur la planète pour soutenir l’économie, est-il raisonnable de croire que le plus dur est passé ? Jusqu’à quand la finance mondiale va-t-elle accepter de ne jamais être remboursée par les Etats, ou avec parcimonie ? Personnellement, je pense qu’on va aller très vite, maintenant, vers la fin de l’emprunt à tout-va. Déjà, la France ne peut plus emprunter à taux négatif… Alors, de grâce, ouvrons les yeux !
Enfin, je voudrais dire que je rejoins Deutsch, quand il parle de « cette élite qui veut enfermer les manants dans une sorte d’esclavage heureux à la chinoise ». Je dirai même que ce n’est pas « lointain », car à bien des égards, on est déjà entré dans cette révolution à l’envers. Pour cela aussi, ouvrons les yeux !
D’ici quelques décennies on mettra peut-être (je l’espère) toutes nos colapsophilies sur le compte de la traditionnelle angoisse du millénaire. Je mets dans le même sac les Grands Remplaceurs, les réchauffistes, les naturolâtres et autres écolos localistes. Pourquoi ? Parce que depuis 4 milliards d’années, la vieille (planète) poursuit tranquillement son petit bonhomme de chemin et parce que notre espèce a traversé des crises autrement plus sérieuses que ce que nous vivons aujourd’hui. Il suffirait que la réduction des émissions de carbone soit un peu supérieure à la valeur souhaitable pour que nous nous retrouvions 20 000 ans en arrière à nous cailler sur la Côte d’Azur comme au milieu du Groenland. Alors, privés de blé, de bière et de picole, les hommes tomberaient comme des mouches…
Plutôt qu’un effondrement, je crois à une tendance lourde de lent étouffement, ponctuée de spasmes positifs et négatifs, espoirs et désespoirs
Mais ce qui me frappe le plus, c’est l’horizon lointain d’une conduite des affaires du monde par une « élite » dont l’objectif serait de réussir à enfermer les « manants » dans un état « d’esclavage heureux », à la chinoise. Il y aura bien sûr des révoltes, comme jadis les jacqueries paysannes, mais elles seront réprimées sévèrement, comme anti sociales. Je vois difficilement des régimes purement démocratiques capables de résoudre les problèmes fondamentaux de notre planète.
En fait il semble qu’il est difficile de prévoir. Probablement l’évolution du climat, si elle est terrible, cela le moteur d’un changement pas vraiment plaisant.