Les récits de fin du monde ont une longue histoire. Qu’ils soient mythologiques, religieux ou à prétention scientifique, ils sont bâtis sur le même schéma. Autre point commun : ils se sont tous trompés. Reste à comprendre pourquoi.
Autour de l’an mil, une grande peur se serait emparée des populations d’Europe. Des signes annonciateurs – une comète dans le ciel, une famine, des épidémies, les guerres féodales – seraient venus troubler les consciences : n’était-ce pas la venue annoncée de l’Antéchrist, prélude au Jugement dernier ? L’histoire de cette « grande peur de l’an mil » a été racontée par l’historien Jules Michelet. En fait, on sait aujourd’hui qu’elle n’a jamais eu lieu1. Michelet a inventé cette légende de toutes pièces, forgée à partir de sources douteuses et reformulées dans son style flamboyant.
En revanche, les historiens du futur n’auront pas de mal à repérer des traces de la « grande peur du troisième millénaire ». Il leur suffira de repérer l’avalanche de livres, documentaires et discours alarmistes qui se sont accumulés depuis l’an 2000. Des livres à foison : Effondrement (Jared Diamond, 2006), La 6e extinction. Comment l’homme détruit la vie (Élizabeth Kolbert, 2015)… et des dizaines d’autres au ton apocalyptique. Des discours alarmistes comme celui de Jacques Chirac en 2002 lorsqu’il déclare que « la maison brûle ! ». Ils reverront également les images de la jeune Greta Thunberg en larmes et en colère apostrophant les dirigeants de la planète lors d’un sommet de l’ONU. Ce sont là quelques témoignages indiscutables d’une angoisse collective qui s’est emparée de notre époque.
Dans quelle mesure cette angoisse contemporaine n’est-elle qu’un remake d’anciens fantasmes apocalyptiques ou une vision prémonitoire de notre avenir ?
Voilà la délicate question qu’il nous faut tenter d’éclairer maintenant.
Petite histoire des fins du monde
Rappelons tout d’abord ce que sont les apocalypses d’antan.
Le mot « apocalypse » renvoie à la Bible, plus précisément à « l’Apocalypse de Jean ». Ce récit de la fin des temps, écrit par un prophète chrétien, annonce des cataclysmes en chaîne. Apparaissent « quatre cavaliers » porteurs de maladies, de guerres, et de famines. Ils précèdent la grande bataille finale contre les forces du mal. Puis, le retour triomphant du Christ survient. Il est dit qu’il régnera sur la Terre pour « mille ans ». Le récit de l’Apocalypse, bien que terrifiant, se clôt finalement par un happy end : le retour du Seigneur qui « répandra sa lumière » sur la Terre et « y régnera pour toujours ».
« L’Apocalypse de Jean » n’est que l’un des nombreux récits apocalyptiques qui circulent chez les Juifs et les chrétiens au début de l’ère chrétienne. L’Ancien Testament contient d’autres récits prophétiques (Ézéchiel, Zacharie, Daniel) où il est question de cataclysmes précédant le règne de Yahvé. D’autres récits dits « apocryphes », c’est-à-dire non retenus comme textes sacrés, se font l’écho de ces temps troublés : la destruction du temple de Jérusalem, l’occupation romaine, les persécutions des Juifs ou des chrétiens, sans parler des guerres et des révoltes, si courantes à l’époque.
Puis, l’Église chrétienne devint une religion dominante et le prophétisme reflua. La fin des temps fut alors repoussée aux calendes grecques. Seuls les hérétiques venaient régulièrement agiter la menace d’une fin des temps imminente. La Renaissance a connu une nouvelle poussée apocalyptique, associée aux révoltes paysannes et à la réforme protestante2. Le protestantisme sera, bien plus tard, le creuset d’autres courants apocalyptiques : c’est le cas des témoins de Jéhovah ou des Mormons, rebaptisés « Église de Jésus Christ des saints des derniers jours » qui viennent frapper aux portes depuis des lustres en annonçant l’imminence de la fin des temps.
Le christianisme ne fut pas le seul foyer des théories apocalyptiques. Le judaïsme a connu aussi ses poussées de fièvre apocalyptique et ses messies autoproclamés. Au 17e siècle, le Juif Sabbataï Tsevi a rassemblé un grand nombre d’adeptes en se proclamant le « nouveau messie » venu annoncer la fin des temps. Il avait même prévu le retour de Satan en 1666 (le chiffre de la Bête) où devait avoir lieu la grande bataille finale contre le mal. Finalement en 1666, les choses ne se sont pas passées comme prévu : l’apocalypse n’a pas eu lieu. Un peu plus tard, le nouveau messie… se convertira à l’Islam !3
Aujourd’hui encore, dans les milieux juifs orthodoxes, on évoque la fin des temps : la Shoah et la guerre d’Irak sont considérées comme des signes annonciateurs de la venue prochaine de « mashia’h » et de l’imminence de la fin des temps.
L’islam possède aussi sa propre tradition apocalyptique : celle d’un nouveau prophète, appelé Mahdi, qui reviendra « à la fin des temps pour couvrir la Terre de justice ». Une version musulmane de l’apocalypse a cours dans les milieux islamistes extrémistes : il y est question d’un combat final contre l’Antéchrist (qui prend tantôt le visage des chrétiens, tantôt de l’Amérique, ou des dirigeants arabes traîtres). Durant la guerre en Syrie, Daech a galvanisé ses troupes en reprenant une ancienne prophétie qui fait de Dabiq, village du nord de la Syrie, le lieu de la bataille finale contre les forces du mal4.
D’autres époques et d’autres continents ont vu émerger des récits d’apocalypse5. Les périodes de crise y sont propices. Au Japon, le moine bouddhiste Nichiren, qui a vécu au 13e siècle, annonça une fin du monde imminente. Les armées chinoises s’apprêtaient alors à débarquer au Japon. Contre toute attente, les samouraïs réussirent à repousser le puissant envahisseur. L’échec de la prophétie n’empêcha pas le mouvement de Nicheren de prospérer en réaménageant sa doctrine. En Chine, la révolte des Taiping (vers 1851-1864) – qui fit 30 millions de morts ! – a pris aussi des accents apocalyptiques. Hong Xiuquan, le leader du mouvement, se présentait alors comme le frère cadet du Christ et les territoires conquis étaient baptisés le « royaume céleste de la grande paix ».
Bien d’autres prophéties apocalyptiques ont émaillé l’histoire. En Mésopotamie ancienne, en Perse ancienne au temps de Zoroastre, ou encore dans le fameux calendrier maya prédisant la fin du monde pour… 2012. Toutes ces anciennes prédictions de la fin des temps prenaient une forme religieuse : c’était le langage de l’époque pour penser l’histoire et le salut. Désormais, les récits apocalyptiques prennent le langage de leur temps : celui des idéologies et de la science.
C’était la « lutte finale »
Au 19e siècle, un nouveau grand récit d’apocalypse a vu le jour : celui du communisme. Karl Marx en fut le grand prophète. Sa vision de l’histoire avait quelques points communs avec les anciennes apocalypses. Pour l’auteur du Manifeste du parti communiste, le capitalisme est le dernier stade de l’histoire avant l’avènement du communisme. Le capitalisme porte en lui les germes de sa propre destruction : les crises, la misère et les révoltes. Les contradictions vont s’approfondir et, de crise en crise, conduire à une ultime guerre de classes entre le capital et le travail. À terme, ces contradictions conduisent à la révolution et l’instauration du communisme. L’histoire n’étant pas toutefois jouée d’avance, il importe de construire d’urgence une internationale des travailleurs qui prend la direction du prolétariat et l’aide au moment venu à renverser le capitalisme et à enfanter d’une société nouvelle.
Chez K. Marx, la prédiction apocalyptique d’un prochain effondrement du capitalisme et du combat final procède d’une analyse rigoureuse des contradictions internes du capitalisme. La Commune de Paris (1871) a été un échec, mais elle n’était qu’un prélude à la « lutte finale ». C’est d’ailleurs à cette occasion que le célèbre hymne de l’Internationale – dont le premier vers est : « C’est la lutte finale ! » – a été composé.
La dimension religieuse et messianique du marxisme n’a pas échappé pas aux yeux des critiques6. Des intellectuels marxistes ont même admis qu’il y avait un schéma commun entre leur vision de la fin de l’histoire et les récits apocalyptiques juifs ou chrétiens7. Mais pour eux, l’analogie entre le prophétisme révolutionnaire et religieux s’expliquait par le fait que la religion était naguère la forme par laquelle s’exprimait l’espoir collectif. Autrement dit, le marxisme n’est pas une religion déguisée, c’est plutôt l’inverse : le prophétisme religieux a revêtu en son temps le langage de la révolution.8
Pour K. Marx et F. Engels, la crise finale du capitalisme était imminente et la révolution allait se produire sous peu. En 1865, F. Engels pressa son ami de finir la rédaction du Capital avant que la révolution ne survienne. Puis, K. Marx et F. Engels décédèrent alors que le capitalisme était toujours vivant. Dans les décennies qui suivirent, alors que la révolution tarda, des marxistes radicaux en vinrent à émettre une nouvelle hypothèse. Le capitalisme, expliquait-on alors, devait sa survie passagère à l’existence d’une nouvelle phase : l’impérialisme. Mais l’impérialisme ouvrit à son tour une nouvelle ère de guerres et de révolutions, qui précéderont la convulsion finale du capitalisme. Au début du 20e siècle, l’histoire semblait avoir donné raison à cette vision apocalyptique, en entrant dans un âge de fureur. Les crises et les guerres ont bien eu lieu. Après la Première Guerre mondiale et la révolution russe, a suivi une nouvelle période tourmentée : la grande crise des années trente, le fascisme, la Seconde Guerre mondiale, la Shoah, puis Hiroshima. Le scénario apocalyptique semblait se confirmer. Pour les marxistes, l’histoire ne peut prendre que deux directions : le fascisme ou la révolution, le socialisme ou la barbarie9, le drapeau rouge ou le drapeau noir : tout scénario intermédiaire est exclu. Les idéologues fascistes sécrètent eux-mêmes leur propre eschatologie10. L’idéologue nazi Alfred Rosenberg prophétise dans Le Mythe du vingtième siècle (1930) une « guerre totale » contre l’ennemi (le « bolchevisme juif ») qui va plonger le monde dans le chaos, débouchant soit sur la victoire du Reich, soit sur la décadence définitive de la race aryenne.
Rien de tout cela n’est arrivé. La Seconde Guerre mondiale a pris fin et le monde a connu une aube nouvelle : la reconstruction, la croissance et le baby-boom. Cette période nouvelle aurait dû mettre fin aux visions angoissées de l’histoire, mais ce n’était toujours pas le cas. On a tendance à l’oublier, mais dans les années 1950, la perspective d’une troisième guerre mondiale hantait les esprits. C’était l’époque de la Guerre froide entre les États-Unis et l’URSS. Chacun avait encore en tête le souvenir de Hiroshima11. Désormais, chaque camp détenait son arsenal nucléaire : si une troisième guerre mondiale devait avoir lieu, elle serait exterminatrice. Vinrent les années 1960 et une période de « coexistence pacifique » entre les États-Unis et l’URSS. La menace de la troisième guerre mondiale s’estompa peu à peu. C’est alors qu’une nouvelle menace apocalyptique se profila déjà à l’horizon.
La nouvelle apocalypse est arrivée
En 1968, est paru l’ouvrage La Bombe P, du biologiste américain Paul R. Ehrlich. La bombe dont il parlait n’était plus nucléaire mais démographique. Selon lui, la croissance exponentielle de la population mondiale allait provoquer une famine généralisée, la planète étant incapable de nourrir le monde. La « Bombe P » était prévue pour exploser avant l’an 2000… En 1972, est paru le rapport du Club de Rome sur les « limites de la croissance ». Pour les auteurs, la conjugaison de la démographie galopante, de l’épuisement des ressources énergétiques (pétrole et gaz) et de la pollution a créé les conditions d’un effondrement généralisé. Ce dernier était alors prévu pour le milieu du 21e siècle, quand les réserves en pétrole, en eau, et en terres cultivables seraient totalement épuisées. La seule façon d’empêcher la catastrophe étant de limiter drastiquement la croissance. La plupart des prédictions du Club de Rome ne se sont pas réalisées : ni la crainte d’une famine généralisée (aujourd’hui, l’obésité tue plus que la faim), ni l’épuisement des ressources pétrolières (elles sont trois fois plus importantes qu’on le prévoyait), ni celui des ressources en minerais12, ou des terres cultivables. Ce n’est que partie remise, affirment aujourd’hui les tenants du catastrophisme qui pensent que les échéances ont simplement été repoussées de quelques dizaines d’années.
((Comme l’Américain Graham Turner qui a repris les travaux du Club de Rome quarante ans plus tard, et a prétendu que toutes ses prédictions étaient vérifiées et qu’en conséquence l’effondrement commencerait en… 2015. En France, Jean Marc Jancovici a publié C’est maintenant ! sous-titré Trois ans pour sauver le monde. C’était en 2009. Depuis, il a été amené à revoir un peu sa copie et se laisse un peu de marge. Titre de son dernier livre : Dormons tranquilles jusqu’en 2100, (Odile Jacob, 2015).))
Les catastrophistes d’aujourd’hui semblent a priori se contenter de reprendre les discours alarmistes des années 1970. En fait, si les prévisions apocalyptiques semblent inchangées, les périls ont changé de nature. Par exemple, le rapport du Club de Rome prévoyait l’épuisement des ressources en énergie fossiles : on craint aujourd’hui leur surexploitation. Paradoxalement, la crainte du manque de pétrole et de gaz s’est transformée en une menace inverse : sa surconsommation ! Dans les années 1970, on craignait la famine, la fin des énergies fossiles et des ressources minières et l’épuisement des sols.
Dans les années 2000, de nouveaux thèmes sont mis en avant : le réchauffement climatique, la chute de la biodiversité, les réfugiés climatiques, les crises systémiques. Le décor a changé, les menaces ne sont plus les mêmes : seul le scénario apocalyptique est resté. Il s’organise autour d’un petit nombre de thèmes récurrents : montée des périls, annonce d’un effondrement imminent, et appel à un changement radical pour éviter le pire et ouvrir la voie à un monde meilleur.
Les thèmes apocalyptiques
De la Bible à aujourd’hui, les récits d’apocalypse présentent de fortes similitudes. Ils sont construits autour d’un schéma commun tissé autour de quelques thèmes : un récit catastrophiste de fin des temps, une alternative radicale (enfer ou paradis, fascisme ou révolution), impliquant la nécessité d’une prise de conscience et d’une mobilisation collective pour changer in extremis le cours des choses. La récurrence du schéma est troublante. Tout commence par le constat de cataclysmes en chaîne (les fléaux de la Bible, les crises du capitalisme, la bombe démographique, le réchauffement climatique) qui conduisent invariablement à un cataclysme final (l’Armageddon de la Bible, la crise finale du capitalisme, l’effondrement). Une dramaturgie se met en place : le dénouement se rapproche. Certains prophètes osent des dates précises (le fondateur des témoins de Jéhovah a fixé en 1914 la date du Jugement dernier), ou une date qui s’approche (les premiers chrétiens pensent le retour du Christ imminent tandis que K. Marx pense que la révolution aura lieu de son vivant). Mais leurs successeurs ont tendance à repousser les délais…
L’apocalypse à venir est décrite comme le théâtre d’un combat (entre les forces du bien et du mal dans le Bible, entre le prolétariat et la bourgeoisie, etc.). Le cataclysme est annoncé par des visionnaires (prophètes, messies, révolutionnaires, lanceurs d’alertes) qui cherchent à secouer les consciences. La bataille finale débouche sur une alternative radicale : le paradis ou l’enfer, le socialisme ou la barbarie, l’utopie ou la mort. Le propre des récits apocalyptiques est de ne pas envisager de scénarios intermédiaires. Ce sont des récits de fin du monde (et de renouveau). Une autre caractéristique des récits d’apocalypse : ils possèdent tous une dimension morale, militante et performative. La menace de l’apocalypse est toujours assortie d’un espoir de rédemption finale. Ce salut peut être présenté comme une alternative (le paradis ou l’enfer) ou une succession (le paradis après l’enfer). Certains espèrent que l’effondrement soit évité si on réagit à temps. D’autres (comme les survivalistes) pensent que le sort en est jeté et qu’il faut se préparer au monde d’après. Au final, le profond pessimisme du discours catastrophiste contient un optimisme tout aussi radical. Entre le pire et le meilleur, les solutions intermédiaires sont écartées. Cette réduction de la gamme des possibles à une alternative radicale – changer ou mourir – est la marque de tous les discours apocalyptiques. Leur dramaturgie commune possède une forte charge émotionnelle : elle est heureusement inversement proportionnelle à leur capacité prédictive. •
• Dans L’Utopie ou la mort (1973), l’agronome René Dumont reprenait les thèses catastrophistes du Club de Rome sur l’explosion démographique et l’épuisement des ressources. La fin des ressources en pétrole et gaz était prévue dans cinquante ans… c’est-à-dire aujourd’hui !
- Les historiens Jean Delumeau ou Georges Duby ont tordu le cou à cette légende. [↩]
- Le retour du millénarisme est daté par les historiens au 12e siècle (avec Joachim de Flore) et au 16e siècle. Paradoxalement, la période intermédiaire, celle de la guerre de Cent Ans et la grande peste, n’a pas suscité de vague apocalyptique. [↩]
- Un siècle plus tard, Jakob Franck (1726-1791) a repris le flambeau du messianisme juif. [↩]
- Daqib est d’ailleurs le nom de l’organe de propagande de Daech. [↩]
- Voir la carte réalisée par Laurent Testot dans le numéro spécial « L’Apocalypse d’hier à demain », Le Monde des religions, juin-juillet 2016. [↩]
- Dans Histoire et Salut (1949), Karl Löwith fait de la pensée de Marx un christianisme sécularisé. Bien d’autres auteurs (Nicolas Berdiaeff, Karl Popper, Raymond Aron) ont vu dans le marxisme une religion séculière. [↩]
- Comme Karl Mannheim, Ernst Bloch en passant par Walter Benjamin. [↩]
- Jean Vioulac, « Communisme et christianisme. Un problème du marxisme », Philosophie, n° 143, éditions de Minuit 2019. [↩]
- Socialisme ou Barbarie, nom d’un groupe trotskiste révolutionnaire, animé par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort. [↩]
- Johann Chapoutot, « Le Sang et le Sens : l’eschatologie nazie », in La Mystique face aux guerres mondiales, PUF, 2010. [↩]
- Dans les années 1950, le grand traumatisme de la guerre n’était pas la Shoah, encore ignorée ou tue, mais Hiroshima. [↩]
- Voir par exemple : « Ressources minérales, progrès technologique et croissance », Olivier Vidal, Temporalités 28 | 2018, En ligne. [↩]
C’est un excellent panorama, quasi exhaustif, des thèses apocalyptiques et catastrophistes, accompagné d’une analyse approfondie assez objective. Néanmoins; ma lecture terminée, je ne peux m’empêcher d’éprouver un certain malaise. D’abord, vous ne dites nulle part quelle est votre opinion sur la possibilité d’une future catastrophe : vous vous contentez d’exposer et d’analyser ce que Untel a dit, ce qu’un autre Tel a prédit, mais vous, vous en pensez quoi ? Non pas de la réalité des prophéties exposées, mais de ce que vous pensez, vous, de la possibilité d’une catastrophe à venir. Ensuite, après lecture, ce qu’on peut comprendre, c’est que, puisque aucune catastrophe prédite ne s’est jamais produite, quelle qu’en soit la cause, c’est qu’il n’y en aura jamais. Et qu’on peut donc continuer sans crainte à brûler du pétrole et du gaz jusqu’à épuisement, que le réchauffement climatique on s’y fera, qu’on peut continuer à augmenter la population du globe sans sourciller, etc. En fait, si votre thèse c’est que la Terre n’en mourra pas, vous avez sans doute raison, et que l’humanité s’en sortira en s’adaptant, je le pense aussi. Mais il faudrait dire alors clairement que l’apocalypse, c’est la cessation de notre mode de vie actuel, considéré comme une sorte de modèle, et non l’extinction de l’humanité, voire de la vie sur notre planète.
oui, belle analyse structurale unifiée des prophéties apocalyptiques, qu’elles soient religieuses ( Ancien testament, Protestant Témoins de Jéhovah…), ou profanes (Revolution marxiste rédemptrice, utopie écologiste salvatrice…) : elles sont binaires, manichéennes, ignorant les situations intermédiaires.