Jusqu’à l’âge de 38 ans, je me suis cru immortel. Oui, vraiment immortel ! Je pensais sincèrement que la vieillesse et la mort étaient pour les autres et allaient m’épargner. Moi, les cheveux gris ? Les rides ? La peau qui se relâche ? Les taches sur les mains ? et la mort au bout ! Non merci !
Aussi irrationnelle que soit cette idée, de la part d’un type qui se croit sain d’esprit, j’avais tout de même décrété mon immortalité. J’allais échapper à l’humaine condition : naître, grandir, mourir. J’ai mené ma petite enquête pour savoir si d’autres que moi entretenait cette croyance absurde j’ai découvert que j’étais loin d’être le seul à penser cela. Des amis m’ont confié avoir cru à leur immortalité jusqu’à l’âge adulte. Laura, 35 ans, m’avoue s’être cru immortelle jusqu’à l’âge de 20 ans. Julien (45 ans, courtier) s’est cru immortel jusqu’à 25 ans, âge où il a eu un accident de voiture. Vincent (40 ans, universitaire) me déclare, avec un sourire, qu’il persiste encore a refusé de mourir.
Je n’ai pas trouvé d’enquête qui porte sur cette croyance personnelle dans sa propre l’immortalité (vos témoignages sont les bien venus). Cette étrange idée est-elle exceptionnelle ou assez fréquence ? Jusqu’à quel âge peut-elle durer ? Question voisine: les enfants on-ils tendance à croire qu’il ne vieilliront pas ?
Pour ma part, des circonstances particulières m’ont brusquement ramené à la raison : la mort de mes parents relativement « jeunes » (64 et 67 ans), à un an d’intervalle. Par ailleurs, à l’approche de la quarantaine, certains signes de déclin se sont imposés à moi, comme le fait que mon fils me battait à la course ! Mes nouveaux projets ne pouvaient plus être remis à plus tard. Désormais, le temps m’était compté et j’ai subitement compris que moi aussi, j’allais vieillir et peut-être même mourir un jour !
Qu’à cela ne tienne I il existe des façons de survivre après la mort que l’on soit croyant ou pas, académicien ou pas. L’humanologue en a recensé quelques unes ici.
Depuis le décès de mon grand-père alors que j’avais 6 ans j’étais conscient d’être mortel. Suis-je une exception ? Evidemment la mort était pour moi une échéance lointaine, si lointaine qu’il était inutile de m’en préoccuper.
On ne parle pas de la même chose quand on parle de la mort et du « mourir ».
Pour la 1ère nous sommes absents!. Mais avoir peur de mourir, c’est être dans l’impossibilité de penser,d’imaginer sa propre non existence, ne plus exister. Je crois que nous craignons davantage le fait de ne plus vivre, de ne plus être, que celui de mourir.
Pour moi, la question s’est posée vers 69 ans, mais comme je suis abonné à Sciences Humaines, j’ai eu la réponse rapidement.
D’où l’importance des religions pour notre espèce, le rationalisme et la logique ne sont pas amis avec ce sujet.
Aucune envie de survivre après ma mort.
Peut-être pourriez-vous conseiller à vos lecteurs désireux d’immortalité de se replonger dans la lecture du De Natura Rerum. – Si j’en crois Lucrèce, personne n’a jamais assisté à sa propre mort, mais seulement à celle des autres. Lors de la nôtre, nous serons absents. De quoi plutôt craindre la décrépitude que le néant. Nous ne connaissons que la disparition des autres.
Ou leur donner à méditer une autre leçon antique, stoïcienne celle-là : pourquoi crains-tu l’éternité qui est après toi, alors que tu ne crains pas celle qui est avant toi ?
Je vous souhaite et leur souhaite une heureuse permanence.