Pourquoi l’amour existe-il ? Drôle de question me direz-vous. L’amour se suffit à lui-même, pourquoi lui chercher un pourquoi ? N’est-ce pas vouloir tuer le mystère, la magie et l’enchantement ?
Je ne le crois pas. Les fleurs, avec leurs parfums envoûtants et leurs couleurs vives ont aussi leur magie. Mais elles ont pourtant leur raison d’être, qui n’ôte rien à la beauté, leur séduction. Leur magie est celle de la nature.
Donc, pourquoi l’amour ? D’abord, précisons de quoi on parle. Un même mot sert pour des sentiments divers : l’amour peut être érotique, romantique, parental, filial, dévotionnel, altruiste, etc.
Pourquoi ces formes d’affection existent-elles ?
Une façon de répondre consiste à raisonner par défaut : que serait une vie sans amour ? La réponse est claire : ce serait une vie gâchée. Peut-être même impossible.
L’amour prend d’abord la forme du désir. Sans lui, les choses seraient assez simples : l’espèce humaine aurait déjà disparu ! Car que l’on s’aime ou pas, il faut bien que le désir se manifeste à un moment donné pour que les enfants naissent.
L’amour romantique est moins essentiel : la très longue histoire des mariages arrangés et forcés ou des mariés suffisent à en témoigner. Tout comme ces couples qui continuent à coexister, mais sans s’aimer. Il fut une époque, pas si lointaine ou la norme sociale et la dépendance économique des femmes obligeait maris et femmes à rester ensemble qu’ils s’aiment ou non. Aujourd’hui, l’amour est un nécessaire à la formation des couples. D’où la fragilité des unions, la fréquence des séparations qui ne cesse de se faire, se défaire et se refaire. Mais sans amour, il n’y aurait plus de couple, plus de famille : le monde ne serait plus qu’une association fragile d’individus atomisés.
L’attachement est un lien plus fondamental. Une vie sans l’amour d’une mère ou d’un proche qui s’occupe de vous est une vie gâchée. L’expérience a été faite. Élevez un petit mammifère – singe ou humain- avec tout ce qu’il lui faut pour vivre – nourriture et confort matériel – mais sans cet ingrédient essentiel qu’est l’affection. Quand personne n’est là pour le prendre dans ses bras, le câliner, le consoler quand il en a besoin, le toucher ou le caresser ou lui parler, les conséquences sont dévastatrices. Notre petit mammifère donne des signes de détresse. Il recherche le contact, y compris avec un substitut : une poupée, un linge, un objet. Si la solitude se prolonge, vient le moment où le petit cesse de pleurer. Il reste prostré. Puis il se met à dépérir et présente bientôt des retards de développement physiques et intellectuels [1]. Cette expérience a été faite avec des petits singes dans les années 1940. Des petits êtres humains ont subi le même sort dans des orphelinats (durant la seconde guerre mondiale ou en Roumanie, à l’époque de Ceausescu). Les « enfants placards offrent un autre et titre exemple d’enfants isolés et privés d’affection. Les dommages sur le développement physique, affectif et intellectuel sont considérables.((De l’enfant sauvage à l’autisme, JF Dortier, SH 212, 2010))
« Vivre sans tendresse, on ne le pourrait pas »
L’amour enfin, prend le visage de la tendresse qu’on appelle aussi l’affection. Dans les vieux couples, elle remplace parfois le désir ou la passion quand ils ne sont lus qu’un souvenir disparu. La tendresse, on la retrouve dans les familles : des grands enfants en ont pour leurs vieux parents. L’affection est présente au travail. Les soignants en ont souvent à l’égard de leur malades (ce qui rend aussi leur métier si engageant) ; des enseignants en éprouvent à l’égard de leur élèves, etc. L’affection est un sentiment aussi indispensable que discret. Il ne fait pas l’objet de grandes déclarations, de roman de gare ou de grandes théories ; il est pourtant une composante nécessaire aux relations humaines. Comme le dit la chanson : « Quelle douce faiblesse ; quel joli sentiment » dit la chanson. (Bourvil, la tendresse).
Concluons. Oui l’amour est magique, l’amour est enchanteur, mais il n’est pas sans raison. Il est même l’un des liens les plus forts qui relient les êtres entre eux.
- A lire dans l’humanologue
– L’humanologue n°1. L’amour, les lois d’une attraction universelle.
– L’humanologue n° 2. S’aimer comme des bêtes. Amour et sexualité animale.
– L’humanologue n° 4. La courbe du désir
– L’humanologue n°1. Empathie, pourquoi nous sommes si bons ?
Une définition assez simple (et facile ) : « RATP »: Respect,Affection,Tendresse,Protection.
Voilà…
Le désir me semble-t-il n’a pas toujours besoin d’amour. On peut désirer une personne et avoir envie de « faire l’amour » sans pour autant ressentir de l’amour. Le désir c’est l’envie de croquer, un fruit ou son enfant ou même son ou sa partenaire. L’amour est intemporel et indéfinissable. Il arrive sans qu’on le veuille et s’en va de la même façon. Je crois qu’aucun autre sentiment ne lui est comparable.
A la lecture de l’expérience faite sur les petits singes et humains, il me paraît qu’il en est de même pour la personne âgée, avec les mêmes étapes.