Une journée ensoleillée, je m’assois sur un banc, à côté d’une petite dame âgée. Elle est assise sagement, les mains sur les genoux. Elle attend.
On ne parle pas tout de suite, chacune dans nos pensées, puis elle rompt le silence:
“Vous êtes du coin ?”
Je réponds que non, pas vraiment, pas du tout même, et lui retourne la question. Oui, elle est du coin, ça fait soixante ans qu’elle habite ce village. Elle n’en est presque jamais sortie, pendant soixante ans, sauf peut-être parfois pour un weekend.
“On ne pouvait pas partir longtemps, vous comprenez: nous avions un magasin à tenir, la boucherie du village. Mais parfois on arrivait tout de même à partir deux, trois jours avec notre caravane. Nous n’allions jamais très loin, non. Mais c’est un beau village, ici.”
Elle m’explique qu’elle est partie faire un balade ce matin, mais qu’elle a vu un peu grand: arrivée ici, elle a dû s’asseoir pour reprendre son souffle. Elle a quatre-vingt trois ans. Elle ne faisait pas ça avant, marcher, enfin pas souvent. Mais son mari est décédé récemment et il faut bien s’occuper ! Alors elle explore, elle part à l’aventure.
Je lui demande si elle a des enfants.
“Non, mais j’ai des neveux et nièces, ils habitent tout près, ils sont charmants”.
Elle n’a pas l’air abattue, triste ou découragée: elle avance, simplement. D’ailleurs, il est bientôt temps de repartir:
“Je vais monter jusqu’à l’église, où je sais que je peux à nouveau faire une pause confortable, puis un dernier effort pour rentrer chez moi.“
Elle me sourit, elle a un plan. Elle se lève, lentement. “Au revoir !”
“Au revoir… et bonne chance !”
Une vie dans un village…
Mais si le village est beau, qu’ils y ont été heureux?
On n’est pas sûrs mais on suppose.
Et puis elle a un plan, modeste et doux, qui suffit à sa journée pour se remettre en route.
Merci Jennifer, tant de sérénité dans ton évocation de Diana.
Elle est du coin et maintenant elle l’explore, elle l’estime dans toute l’ampleur du terme. Par le temps passé dans ce coin, par sa beauté, par l’effort qu’il a demandé pour y vivre les joies et les peines qu’elle revient en le parcourant par étapes , car elle est dépendante des forces qui lui restent. Être du coin, comment cela se mesure t il ? Une connaissance géographique est elle suffisante non cela contient ne pas être du coin.. il y a du passé. du vécu et du présent qui amène au devenir de ce coin.