Qui était le premier humain ?

Le premier humain ? Si on en croit la Bible, c’est Adam, bien sûr. Cela aurait eu lieu au sixième jour de la Création, après que Dieu a créé le Ciel, le Soleil, la Terre, les montagnes, les plantes, les animaux, etc. Ce décor devait accueillir les humains que Dieu avait enfantés par amour. Mais ils ont tout gâché en ayant désobéi. On connaît la suite.

Ce récit légendaire, plus personne n’y croit vraiment, à part quelques bataillons de créationnistes illuminés, qui soutiennent mordicus que tout ce qui est écrit dans la Bible est exact.

Pour la plupart des croyants d’aujourd’hui, ce récit n’est qu’une fable. Certains veulent bien admettre l’existence d’un dieu créateur, voire d’un moment fondateur : « Dieu dit : “Que la lumière soit”, et la lumière fut. » Notre monde est apparu comme un flash lumineux dans le vide : après tout, cela ressemble au scénario du big bang ? Par contre, pour ce qui est de l’origine des humains – Adam créé à partir de l’argile, Ève façonnée à partir de la côte d’Adam, un paradis où le lion et l’antilope coexistent en paix, Satan déguisé en serpent, etc. –, on laisse cela aux exégètes qui tentent d’en comprendre le sens caché.

Les mythes de l’origine

Des mythes de création, il en existe partout dans le monde. Personnellement, j’aime beaucoup celui des Bushmen. Il nous raconte qu’au début des temps, Kaang, le Dieu créateur, fit pousser un arbre dont les branches s’étendirent de tous côtés. En ces premiers temps, les humains vivaient à l’intérieur de la Terre. Kaang creusa alors un trou au pied l’arbre afin que les humains puissent sortir. Cependant, Kaang les avertit : « Vous ne devez pas utiliser le feu. » Les nuits étant froides, les humains désobéirent. Il fallait bien se réchauffer. Mais les flammes firent fuir tous les animaux. Depuis, les humains ne peuvent plus parler à leurs cousins animaux comme auparavant.

Comment les Grecs imaginaient-ils l’origine des êtres humains ? Dans la mythologie grecque, le dieu créateur est une femme : Gaïa, déesse de la Terre. Elle a engendré Ouranos, le Ciel étoilé. Ensemble, ils eurent une flopée d’enfants-dieux : les Cyclopes, les géants à cent bras (les Hécatonchires) et les Titans. Parmi les Titans, Prométhée est le père des êtres humains qu’il a créé à partir d’argile1. Puis Prométhée a donné le feu aux humains, feu qu’il avait lui-même volé aux dieux de l’Olympe. Pour cela, il sera sévèrement puni.

Aujourd’hui, les mythes d’origine ne sont lus que pour leur poésie ou pour y trouver une leçon philosophique cachée entre les lignes, ou encore pour les récolter, les étudier et les comparer comme le font les mythologues. S’agissant d’expliquer la genèse de l’humanité, le récit convenu est celui de l’évolution. Il nous enseigne que les humains ne sont pas nés en un jour – et pas à partir d’argile ni de la cuisse de Jupiter –, mais se sont développés progressivement à partir de primates ayant vécu quelque part en Afrique voici quelques millions d’années.

Mais pourquoi ce récit devrait-il être pris au sérieux ? Pourquoi ne serait-il pas lui aussi un mythe, une fable déguisée sous l’apparence d’une science ? Après tout, la question mérite d’être posée. Ce serait même un comble de tenir la science pour « parole d’évangile » ! Une théorie scientifique a besoin d’arguments, de faits tangibles et de preuves. Or la théorie de l’évolution est-elle vraiment démontrée ?

La théorie de l’évolution n’est pas le darwinisme

Tout d’abord, une précision s’impose : la théorie de l’évolution ne se réduit pas à la celle de Darwin. L’idée d’« évolution » est un paradigme général qui affirme que toutes les espèces vivantes – bactéries, plantes et animaux (et donc les humains) – naissent et se transforment au fil du temps. Pour Charles Darwin, cette évolution à une cause principale : la sélection naturelle, comme il est écrit dans le titre complet de son livre L’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle (1859). Au passage, et au risque de surprendre le mot évolution n’est présente nul part dans le texte (même si l’idée directrice y est présente)  !  Il ne faut donc pas confondre l’idée générale d’« évolution » avec la théorie particulière qu’est la sélection naturelle. Il existe en effet d’autres façons d’expliquer l’évolution que par la sélection naturelle. Jean-Baptiste de Lamarck, cinquante ans avant Darwin, avait déjà supposé une progression des êtres vivants. Sa théorie de l’hérédité des caractères acquis a été ensuite critiquée puis bannie des recherches scientifiques, mais elle retrouve des couleurs (notamment dans le cadre des études sur l’épigénétique). Des chercheurs proposent aujourd’hui d’autres moteurs que la sélection naturelle pour expliquer l’évolution (voir encadré l’évolution avant et après Darwin).

Retenons ceci : il faut distinguer l’idée de l’évolution (un processus de transformation des espèces vivantes au cours du temps) de ses causes (sélection naturelle ou autre2 ).

Revenons donc à notre question : quelles sont les preuves factuelles que l’évolution humaine a eu lieu ?

Au milieu du 19e siècle, quand Darwin et d’autres conçoivent la théorie de l’évolution, les preuves restent encore maigres. Mais une nouvelle science est en train de naître : la préhistoire. Depuis quelques décennies, des pierres taillées collectées ici ou là commencent à être rassemblées et classées : ces pierres taillées, tels ces bifaces retrouvés par l’archéologue Jacques Boucher de Perthes (1788-1868) le long de la baie de Somme, semblent remonter à une très lointaine période, un « âge de pierre ». Boucher de Perthes parle d’une époque antédiluvienne (c’est-à-dire avant le Déluge) ou même « préadamite » (avant Adam). Dans les années 1830, il demeure assez seul à croire que ces outils datent d’un temps préhistorique et mène un combat solitaire. Mais autour des années 1850, trop de ces anciens outils sont retrouvés dans différentes régions pour que le doute soit permis. L’âge de pierre a bien existé. Sauf qu’on n’a pas trace des hommes qui les ont fabriqués.

Puis, en 1856, un premier squelette « d’homme préhistorique » est enfin trouvé à Néandert en Belgique. Il est baptisé « homme de Néandertal ». D’autres détections vont suivre. Quinze ans plus tard, en 1871, le premier fossile Homo erectus est découvert en Indonésie par Eugène Dubois. La « ruée vers l’os » commence. Une nouvelle science est née – la paléoanthropologie –, qui donne corps à ce qui n’était qu’une théorie. En revanche, nul n’a trouvé trace de cyclopes ou de géants aux cent bras.

Depuis cette période pionnière, 150 ans sont passés et au fil des découvertes, la liste des anciens humains s’est singulièrement allongée.

Les humains ont évolué en quatre temps

Nous savons aujourd’hui que l’arbre généalogique des humains est buissonnant et ramifié. Entre Toumaï, le premier hominidé entièrement bipède qui a vécu il y a 7 millions d’années, et les beaux Sapiens que nous sommes ont existé plusieurs types d’Australopithèques (dont Lucy, l’Australopithecus afarensis) et différentes catégories d’anciens Homos (dont erectus, habilis, ergaster, georgicus, antecessor, naledi, etc.). Il y a encore 100 000 ans, pas moins de cinq espèces d’humains coexistaient sur Terre : Sapiens, Néandertal, Denisova, homme de Florès, et peut-être deux ou trois autres. Début 2025, des chercheurs ont annoncé la découverte d’un nouveau type d’humain, Homo juluensis, présent il y a 300 000 ans et dont le volume crânien (1800 cm3) est nettement supérieur à celui de Néandertal ou de Sapiens2!

Comment s’y retrouver dans ce tableau foisonnant qui s’enrichit d’inédits spécimens à chaque nouvelle saison de fouilles ?

Pour simplifier, la lignée humaine peut se diviser en quatre étapes principales :

  • Les anciens hominidés bipèdes : Toumaï et Orrorin en sont les premiers représentants qui ont vécu voici entre 7 et 3 millions d’années. Ils se sont séparés de la lignée qui a conduit aux grands singes africains : gorilles, chimpanzés et bonobos.
  • Les Australopithèques : la plus célèbre d’entre eux est Lucy, qui a vécu il y a 3,5 millions d’années et dont on a retrouvé le squelette presque complet3. Il existe plusieurs variétés d’Australopithèques. Certains d’entre eux fabriquaient des outils comme l’a montré une découverte révolutionnaire faite en 20154.
  • Les anciens Homos : Homo habilis, Homo erectus et d’autres (ergaster, antecessor, rudolphensis, etc.) qui ont vécu entre 2,5 millions d’années et 200 000 ans environ. Certains spécialistes les regroupent sous le nom générique d’Homo erectus. Homo erectus est le concepteur du biface, des haches, des lances, des abris. Il est le premier à utiliser le feu. Il est probablement l’inventeur du langage. Il est le premier qui a quitté l’Afrique : on le retrouve en Asie et en Europe il y a 1,8 million d’années.
  • Sapiens et ses cousins (Néandertal, Denisova, Florès, etc.) coexistaient voici 100 000 ans. Depuis 30 000 ans environ, Sapiens est le seul survivant de cette ancienne humanité.

Parmi tous ces ancêtres, lesquels peuvent être qualifiés d’humains ?

Le principe même d’évolution invite à répondre : aucun. Il n’existe pas de « premier humain » : chaque ancêtre représente une étape d’une hominisation progressive.

Mais si on s’intéresse, non à l’hominisation (c’est-à-dire à l’évolution anatomique des espèces) mais à l’humanisation, à savoir l’émergence des compétences humaines, telles que le langage, les techniques, l’art, la pensée, la question se pose sous un nouveau jour : quand et comment tous ces traits qui définissent notre humanité sont-ils apparus ?

Quand les hominidés se sont-ils mis à parler, à penser à l’avenir, à enterrer leurs morts, à s’organiser autour de lois, de valeurs, de croyances ? Quand ont-ils entrepris de faire de la cuisine ou de s’orner de parures ? Dans quel genre de société tous ces ancêtres vivaient-ils ? Depuis quand, par exemple, les communautés humaines ont-elles commencé à échanger entre elles ou à se faire la guerre, à croire en des divinités ou à fabriquer des mythes ?

En résumé, quand, comment et pourquoi les traits qui définissent notre humanité sont-ils apparus ?

Voilà les questions que nous allons explorer dans les prochains épisodes.

L’évolution avant et après Darwin

Bien avant Charles Darwin, des savants avaient déjà supposé que les humains avaient d’abord été des primates qui s’étaient transformés en s’adaptant à un nouveau milieu. Jean-Baptiste de Lamarck, fondateur de la zoologie, l’écrit explicitement dans sa Philosophie zoologique (1809) : « Il est donc évident que l’homme, le plus parfait des animaux, a été formé successivement par des modifications graduelles opérées dans l’organisation des animaux inférieurs et que ces modifications ont été déterminées par les circonstances dans lesquelles ces animaux se sont trouvés placés. »

Ces lignes ont été écrites cinquante ans avant la publication de L’Origine des espèces de Darwin. Le propre grand-père de ce dernier, savant et poète, écrivait en son temps des choses similaires.

En fait, Darwin n’invente pas l’idée d’évolution, déjà présente chez plusieurs auteurs avant lui : son apport spécifique réside dans l’idée de sélection naturelle, qui est selon lui le moteur de l’origine des espèces. Dans L’Origine des espèces, Darwin évite toutefois de parler de l’ascendance des humains : le sujet était encore sulfureux à l’époque. Il se lancera douze ans plus tard avec son deuxième grand livre, La Descendance de l’homme (1872) : les humains y sont clairement présentés comme les descendants d’anciens primates africains5.

La théorie de l’évolution a connu après Darwin des mutations majeures. Au début du 20e siècle, il existait plusieurs théories rivales pour expliquer l’évolution : celle de Darwin se trouvant même plutôt minoritaire6. En France, par exemple, les idées de Lamarck restaient très présentes jusqu’après la Seconde Guerre mondiale7, la sélection de groupe et les différentes formes de coévolution*.

Même les idées de Lamarck, longtemps tenues pour taboues dans la communauté scientifique, retrouvent aujourd’hui un certain écho8.

*Coévolution. Évolution combinée entre un organisme et le milieu qu’il contribue lui-même à créer. Ainsi, le castor dont le mode de vie n’est pas adapté à un environnement tout à fait naturel, puisqu’il façonne lui-même les lacs et étangs au moyen de barrages qu’il construit. Sur le même modèle, les auteurs parlent « d’évolution de niche ». De manière similaire, on peut envisager l’évolution humaine comme l’adaptation progressive du cerveau humain au milieu artificiel (cuisson des aliments, construction d’abris, relations humaines) qu’il a lui-même configuré.

Pour aller plus loin 

  1. Comme dans la Bible où il est écrit : « L’éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la Terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant.» Genèse 2:7. []
  2. Ce qui ne l’a pas empêché de s’éteindre. Cf. Source Science post février 2025. [] []
  3. Depuis Lucy a été détrônée par Little Foot, découvert dans une grotte d’Afrique du Sud et dont le corps est plus complet. []
  4. Voir Sonia Harmand et al., « Les plus vieux outils du monde ont 3,3 millions d’années », Nature, 21 mai 2015. []
  5. L’évolution humaine n’y est pas attribuée à la sélection naturelle mais à un autre mécanisme : la sélection sexuelle, comme il est indiqué dans le titre complet. []
  6. Stephen Jay Gould, La Structure de la théorie de l’évolution, Gallimard, 2006. []
  7. Cédric Grimoult, Histoire de l’évolutionnisme contemporain en France 1945-1995, Droz, 2000.).

    Il faut attendre l’essor de la génétique durant l’entre-deux guerres et sa fusion avec la théorie de la sélection naturelle pour que le darwinisme – qualifié parfois de néodarwinisme – prenne l’ascendant sous le nom de TSE (théorie synthétique de l’évolution). Pendant un demi-siècle, des années 1950 aux années 2000, la TSE règne en maître sur la théorie de l’évolution.

    Mais à partir des années 2000, le schéma se lézarde et des modèles alternatifs émergent : d’autres mécanismes de sélection naturelle sont mis en avant comme moteur de l’évolution : la sélection sexuelle ((Déjà mis en avant par Darwin dans les différences entre mâles et femelles dans La filiation de l’homme au moyen de la sélection sexuelle. []

  8. Jean-François Dortier, « Épigenèse, le revanche de Lamarck », Sciences Humaines, n° 311, 2019/2.  []

7 réactions sur “Qui était le premier humain ?

  1. Petite question, pas très sympathique: que devient une espèce qui invente les moyens de se soustraire à la sélection naturelle ? Médecine ou génétique permettent de « sauver des vies » qui sans elles auraient disparu. Les techniques de reproduction artificielle donnent une descendance à ceux qui ne pouvaient en avoir. Il en découle une statistique encore plus déplaisante: quel est le pourcentage d’humains viables au sens darwinien, c’est à dire sans un petit coup de pouce ?
    Aujourd’hui ces questions ne se posent pas encore. Mais que se passera-t-il lorsque la proportion d’humains « naturellement » non viables deviendra importante ?
    C’est de la science fiction, je sais, mais…
    Notre avenir sera peut-être les peuples premiers.

  2. A propos du livre de Kevin Laland:
    Ce livre démontre la spécificité de l’intelligence humaine par les résultats des recherches sur la cognition animale. Ce qu’il en ressort conforte l’idée que les différences portent essentiellement sur le degré des compétences cognitives, mais aussi sur la nature de certaines de ces compétences. Les nombreux traits communs entre des comportements complexes repérés chez les humains et les animaux n’effacent pas l’impression de rupture entre ces deux groupes. Il en résulte un questionnement évident : comment l’évolution darwinienne, fondée sur la sélection naturelle, a-t-elle pu créer un tel fossé entre nous et les primates, nos plus proches parents génétiques ?
    L’auteur propose une réponse simple fondée sur les découvertes scientifiques portant sur les intelligences humaine et animale. C’est une évolution d’origine génétique de l’anatomie cérébrale qui distingue l’humain, qui permet une communication complexe par le langage et finalement le développement de rapports sociaux et l’émergence des cultures humaines. Si le fossé entre l’humain et l’animal (y compris les primates, nos plus proches parents génétiques) nous paraît si grand, c’est que les espèces préhumaines et humaines qui se sont succédée depuis 7 millions d’années (Toumaï) ont disparu. Elles ne sont plus là pour témoigner des étapes de notre évolution si particulière. Nous sommes aujourd’hui sur un pic isolé par l’effondrement du pont qui nous reliait à l’ensemble du monde vivant

  3. Bonjour Je viens de lire Eve 200 millions d’années d’évolution au féminin de Cat Bohannon Edition Flammarion Que de questions, à me poser ???
    Merci pour ces lignes… desquelles je retiens « continue d’apprendre pour comprendre en partageant tes échanges …  »
    Je n’ai pas fait d’étude, j’ai souvent beaucoup de mal à comprendre…
    Amitiés
    Pierre, retraité professionnel

    1. Bonjour Pierre. Eve, un excellent livre que je suis en train de lire également. Il montre qu’en matière biologique, la nature est binaire : le corps des femmes n’a pas évolué comme celui des hommes…

  4. Navré que l’on parle de l’origine de l’homme comme s’il s’agissait simplement d’une enveloppe biologique.
    On parle de l’humain comme on parlerait du canin !!!
    La science moderne et avec elle la démarche scientifique laisse entendre qu’elle est dénuée d’idéologie. Erreur et supercherie ! Il y a un à priori matérialiste hypocrite. Comment mettre de l’intelligible sur des phénomènes sans supposer qu’ils puissent être appréhendés produit par de l’Intelligence ? Et si notre intelligence est mue par une volonté qui cherche à comprendre, combien plus y en a-t-il dans la nature…

    Déjà Saint Thomas d’Aquin dit dans sa Somme en se promenant dans le bassin parisien, qu’il y eu une période passée où la mer et des animaux marins devaient avoir recouverts cette partie du continent européen en découvrant ce qui à sa suite sera nommé fossile.
    On dénigre le mythe biblique en le considérant comme une fable (positivisme) ou comme un texte qui décrit 6 jours (creationisme). Dans les deux cas le manque d’intelligence est pathétique ! Et on le laisse à des pseudo théologiens (dont certains mêmes sont athées !) en découvrir le sens caché !…
    Malheureux l’ignorant surtout quand son ignorance est teintée de science. Car il est certains : on ne convainc pas quelqu’un qui sait !
    Bref, j’aimerai que la science m’explique comment on passe d’une espèce à l’autre. La sélection naturelle ( ou son ersatz la sélection sexuelle) permet au mieux de dire qu’une espèce s’est adaptée à son environnement mais pas comment on passe d’une espèce à l’autre encore une fois ni pourquoi des espèces cohabitent et d’autres se sont arrêtés d’évoluer ou encore comment passe-t-on du végétal à l’animal.
    Bref, considérant que la foi est d’abord une affaire d’intelligence et constatant que la science « naturelle » surtout une affaire de croyance (au dogme de l’évolutionnisme), je reste sur ma faim.

    Ici encore une fois est dénigré le mythe biblique (avec un bel arrière fond d’anti judeo-christianisme) et valorisé d’autres mythes (qui a bien y regarder sont très proches du biblique y compris le mythe grec).
    Et pour finir, qui aujourd’hui cherche à comprendre l’anthropologie biblique ?
    Certainement pas l’humanologue à le lire !
    C’est bien dommage…

  5. Un aspect mal connu de la théorie de Darwin : Ce n’est pas la sélection naturelle des plus fort et l’élimination des plus faibles (« la loi de la jungle ») mais un autre mécanisme qui s’est appliqué à l’espèce humaine ….
    Si Darwin n’a pas inventé le principe biologique de l’évolution, il rend compte de la transformation du vivant par le mécanisme de la sélection naturelle. La rupture avec le dogme d’une création spéciale de Dieu est consommée.
    Son ouvrage « LA FILIATION DE L’HOMME », prolonge « L’origine des espèces ». Darwin y applique le principe de l’évolution à l’homme envisagé dans son corps comme dans son esprit, ce qu’il n’avait pas fait dans l’ouvrage précédent.
    Chez l’Homme, la sélection naturelle modifie considérablement la forme sous laquelle elle opérait chez les animaux, d’une part elle va favoriser le développement des caractéristiques intellectuelles, d’autre part, l’évolution sélectionne les instincts sociaux et sentiments qui leurs sont liés, comme l’amour ou la sympathie ! Darwin nous propose ainsi une genèse naturelle de la MORALE, dont le champs d’extension s’élargit au rythme de l’évolution culturelle, en s’appliquant à des formes de communauté de plus en plus larges.
    Le « sens moral » est bien sélectionné pour son avantage adaptatif qui a permis à l’espèce humaine de triompher des autres espèces ; mais il a pour trait original de s’opposer à l’élimination des plus faibles par les plus forts et de la remplacer par une solidarité et un altruisme grandissants.
    Darwin explique donc que la « sélection naturelle » parce qu’elle a favorisé dans l’évolution humaine le développement des « instincts sociaux » et l’augmentation conjointe des facultés rationnelles, a cessé d’être le facteur dominant de l’évolution. Elle a ainsi permis que se substituent à son ancien fonctionnement « éliminatoire des plus faibles », des conduites « anti-éliminatoires de protection et de sauvegarde à l’endroit de ces plus faibles » :
    L’ensemble des principes, lois et institutions dérivant de cette sélection des instincts sociaux, Darwin le nomme civilisation. Ainsi par l’opération de la sélection des instincts sociaux, la sélection naturelle sélectionne la civilisation, qui s’oppose à la sélection naturelle.
    L’avantage sélectionné est alors devenu social ! Ce dernier point interdit de trouver dans cette théorie la moindre caution aussi bien à un libéralisme sauvage vantant la concurrence vitale entre les hommes qu’à des pratiques eugéniques voulant intervenir sur la procréation pour améliorer l’espèce humaine.
    Darwin a le génie de faire reposer la conscience sur des bases physiologiques ! La conscience des hommes reposerait non plus sur le respect d’une loi divine mais naîtrait du « mal être » né de la contrariété de nos instincts sociaux !! L’homme animal perd sa part de divinité !!
    Darwin introduit dans son raisonnement une définition du bien qui repose sur « le plus grand bonheur du plus grand nombre », quoi de plus humaniste que cette définition ! Elle n’est pas sans nous rappeler celle d’Edgar MORIN : « le bien c’est le lien, le mal c’est la séparation ».

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