Chers lecteurs, nous vous proposons de contribuer aux recherches humanologiques de Jean-François Dortier en répondant, chaque mois, à une question. Vos réponses nourriront les futurs articles de L’Humanologue.
Ce mois-ci, nous reprenons une enquête lancée par Jean-François il y a un certain temps , sur le thème des rêves éveillés – réalistes ou non – qui continuent à hanter l’esprit des grands enfants que nous sommes tous encore. Parce que, même adultes, nous continuons à nous demander « qu’est-ce que je ferai quand je serai grand ? ». L’année prochaine, dans dix ans, quand j’aurai un peu plus de temps à moi, quand les enfants seront grands, quand je serai à la retraite…
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J’ai 34 ans, quand je serai grand j’aimerai être sage et naïf comme au premier jour pour continuer à m’émerveiller et repousser toujours plus loin la sensation d’ennui ou d’avoir déjà vécu. Et aussi j’aimerai faire une activité rémunératrice autour du lien à la terre.
Pour citer un auteur du 20 et 21 -ème siècles jean jacques Goldmann
« Quand je serais grand je veux être minoritaire »
Être minoritaire pour ne pas Beller dans la masse être libre de mes actes et penser
Bref je suis un rêveur
Tout à l’heure je serais dans ma 75ème année, ma jeunesse n’est pas terminer, et pas question que je devienne grand! Belle journée
Cher Jean-François,
Grandir, c’est tout simplement vouloir agrandir son espace personnel.
D’abord celui d’un inexistant, l’espace corporel atrophié et à fleur de peau, dans le ventre de nos mères et où on en vient vite à cogner pour briser ces frontières biologiques. Cocon chaleureux mais devenu trop étroit.
Puis quand on est petit, qu’on regarde « les grands » nous observer de trop haut, dérangeant souvent notre espace intime, on voudrait bien monter aux arbres pour dominer les foules et s’évader vers un ailleurs. Ici, déjà, l’envie de briser d’autres frontières familiales.
Ensuite, c’est la grande aventure pour agrandir toujours plus loin son espace personnel, en s’accaparant et agrégeant d’autres espaces au sien. C’est la rencontre de l’espace social, c’est les amis. Puis vient celui de la société, un peu moins doux, mais on y rêve d’un autre Monde.
Encore ensuite en vieillissant, vient l’espace monde, le notre, où nous pouvons nous accomplir totalement, nous avons fait nos expériences et avons fait le tour de nos besoins primaires, mais où nous connaissons encore des besoins inassouvis.
Grandir, c’est construire son espace personnel, c’est aller chercher toujours plus loin des limites, c’est s’adapter à l’environnement, c’est donc grandir psychologiquement. En nous agrandissant, il y a pas ci par là des êtres et des choses qui restent là, des amis, des maisons, des souvenirs, il y a de la matière et de l’immatériel qui freinent nos envies de nous répandre horizontalement sans jamais regarder la lumière du soleil temporel.
Tout cela nous évite de nous répandre dans l’espace infini sans vraie buts.
Grandir, c’est dans tous les sens, c’est vertical, c’est horizontal, c’est visible ou non, mais dans tous les cas, la grandeur d’âme est absolue. Alors, que nous ayons une âme d’enfant, une âme joyeuse ou idéaliste, gardons là intacte, c’est la seule vraie grandeur qui vaille.
Sachons rester grands dans un univers immense.
En vous remerciant grandement pour ce moment d’inspiration Jean-François ! 🙂
Qu’est-ce qu’être grand? Comparons-nous à plus grand! Face à l’immensité de l’univers,
même centenaire je me trouverai encore bien jeune et petite surtout!
Question de jeune enfant, d’adolescent, de vieil adulte immature et désabusé ? Quand devient-on « grand » ? Quelle taille ? que âge ? Quelle(s) réussite(s) ?
Autant du questionnements, autant de réponses individuelles, partielles et provisoires. La question du « quand » n’est en fait pas la bonne question, puisqu’elle n’a, à priori, pas de bonne réponse. La bonne réponse est celle du « quoi ? ».
Quel projet, quel but quel rêve lorsque l’on est « en construction » ?
Le projet se dessine peu à peu, au gré des circonstances favorables ou défavorables, pertinentes ou pas… Bref, les aléas de la vie.
J’évoqurai ici ma modeste expérience en la matière.
Après des études en sciences économoiques et une expérience professionnelle dans de grands groupes industriels et de haute technologie, dans des entrprises individuelles dans le domaines de la formation et de l’ingénierie, je me suis trouvé, à l’aube de mes 60 ans, au chômage, fatigué, déçu, sans désir de prolonger le passé, sans avenir clair, mais avec encore « l’envie de faire ». Je me suis donc posé la question « que faire ? » qui soit pertinent et ait du « sens ». Des centaines de candidatures infructueuses ne répondaient pas à mes attentes.
Tunel sans fin…
Inspiré par je ne sais quel intuition, j’ai pris conscience que s’appuyer sur le passé n’était pas la bonne démarche.
Je me suis alors posé la question : « qu’est-ce que tu as toujours eu envie de faire et que tu n’as encore pas fait ? »
… Régression (environ à l’âge de 5 ans) : conduire des camions sur des routes de montagnes, de gros engins dans les jungles impénétrables…
Rêve que je réalisai fictivement sur le « cerceau » d’un lampadaire destiné à recevoir revues et pelotes de laine… au prix de secs coups de canes de la part de mon arrière grand-père…
Certes, mais à presque 60 ans, est-ce raisonnable de vouloir réaliser un tel rêve ?
Une fois écartés, pour des raisons évidentes, les engins de chantier et les camions au long cours, la possibilité du transport de personnes s’est présentée. Un autocariste consulté me dit qu’une embauche peut être envisagée dès lors que je suis titulaire du permis de conduire « D ».
Un stage organisé par l’ANPE et les ASSEDIC me permet d’obtenir le « sésame » requis… Merci à mon formateur qui a cru en mon projet et m’a soutenu dans sa réalisation…
De 2005 à 2011 j’ai pu conduire des autocars de tourisme sur des services aussi variés que les lignes interurbaines régulières, les services scolaires, les circuits touristiques sur les routes des Alpes, les transferts à travers la France…
Autant d’expériences souvent heureuses ou difficiles, mais formatrices techniquement et humainement.
Plus que dans les « traces » de ma formations et expériences antérieures, j’ai pu devenir « grand » à mes yeux en réalisant mes rêves d’enfant. J’ai pris ma retraite à 65 ans après avoir accompli mon « quand je serai grand »… »
Je ne sais pas à quoi cela correspond d’être grande. J’ai vaguement le sentiment de l’avoir toujours été. … Je continue à rêver et à tenter des choix pour concrétiser mes rêves. Alors peut-être que c’est la réponse : chaque jour, je grandis !
Quand je serai grande, je n’ai que 50 ans, j’écrirai un livre, pour exprimer tout haut ce que je pense tout bas, je deviendrai éthologue de la relation homme/nature/profit pour permettre à la nature de continuer d’exister (et qu’un virus ne nous immobilise pas comme aujourd’hui) dans sa diversité.
Je me suis toujours dit que quand je serai grand et libéré de tout ce qui me limite je vivrai de mon art. Concernant la libération des limites, la vie m’a servi une maladie et un traitement à traverser pour me nettoyer de tout ce qui m’empêchait. Finalement, je travaille activement à vivre de mon art photographique. Et d’ailleurs, ayant atteint 59 ans, mon employeur m’a proposé un congé de fin de carrière qui me permet de le faire à plein temps depuis le premier janvier. De toutes façons, au long de ma vie je n’ai lâché aucun de mes rêves, avoir un groupe de rock, organiser des fêtes formidables pour que les gens se rencontrent, passer ma ceinture noire de karaté (d’abord), puis pratiquer toute ma vie pour aborder l’âge sans amertume (je travaille à m’offrir mon 4ème dan pour mes 60 ans), et surtout développer un art qui me permet de connecter avec plein de gens. Et même si je ne rêvais pas d’une famille, ça me semblait incontournable et elle est arrivée en son temps. Je me demande si on devient grand un jour ou si on se rend juste compte qu’on l’est depuis le début. Réussir à vivre au présent, c’est suspendre le temps et réaliser le devenir.
Quand je serai grande, je changerai le monde ! Le monde… En commençant par chez moi car oui… C’est aussi le monde. Pour le moment, j’écoute et j’apprends. J’écoute car c’est une vertu que nous oublions souvent comme me rappelle le poème « Peux-tu simplement écouter ? ». Puis j’apprends pour ne jamais juger. Finalement, j’espère rester petite et devenir grande à la fois.
Quand je serai grande … je ne serai pas docteur. Je ne travaillerai pas à l’hôpital.
Je ferai des photos et des tableaux.
J’irai voir comment on vit dans d’autres pays, et quels sont leurs décors.
Quand je serai grande…mais c’est un rêve éveillé..*
Quand je serai grande à 56 ans j’aurai continué mon beau chemin en cours.
Je ne sais où j’habiterai mais je serai bien, comme maintenant, respectant mes valeurs, mes envies
Oh, je n’aurai plus mon petit chat sans doute (il a 17 ans aujourd’hui). cela me rend triste mais j’aurai rencontré d’autres félins et humains;
j’aspire à partager des moments complices avec un humain masculin mais il viendra quand il viendra.
Quand je serai grande, je continuerai à me promener émerveillée par la nature. je continuerai à observer le balai humain, les danses qu’ils composent et les pas qu’ils font parfois de travers.
Je regarderai les miens bien sûr et il y aura des pas de travers et des pas magnifiques, comme aujourd’hui' »hui.
je continuerai à sourire, à poster sur facebook du positif
je serai bien, comme ce soir (sauf que j’ai un peu froid, je l’avoue)
So
Je suis grande maintenant , à 79 ans, enfin presque….je m’interroge chaque jour sur mon devenir et le temps compté ; je regarde souvent ma vie passée, vivace, volontaire, avec cette nécessité que
j’avais alors d’avaler le temps, les heures, les conquêtes, l’obsession constructive d’une carrière que je dessinais pour atteindre un objectif précis, l’oubli de vivre sur un plan personnel (pas le temps !) dont je n’envisageais pas même les conséquences sur le plan familial, le désordre affectif qu’il m’a fallu redresser à la retraite, et ma nouvelle implication, n’ayant plus de carrière professionnelle à ce moment là, dans la politique ou je persévère avec bonheur actuellement.
Je me dis « j’ai vécu » dans le cadre que j’ai choisi et en réalisant ce à quoi je tenais vraiment.
Et maintenant ??
Je profiterais à fond de la vie, voir le monde, essayer des choses nouvelles sans me soucier de rien.
Qu’est-ce que je ferai quand je serai grande ?
Je suis allongée au bord de la falaise, la tête dominant la plage tout là-bas tout en bas, et je regarde du lointain, de l’inconnu bousculé par les rafales, des beaux rochers, des mares tranquilles chouchoutant les timides crevettes.
Qu’est-ce que je ferai quand je serai grande ? … je suis grande déjà, j’ai 10 ans… je serai maîtresse… une gentille maîtresse qui explique bien et qui ne gronde pas les enfants qui ne comprennent pas…
Qu’est-ce que je ferai quand je serai grande ?
… non, je ne veux plus être maîtresse, je veux être professeur de sports. C’est trop bien le sport, j’adore, je fais de la gymnastique, de l’athlétisme, je fais des compétitions, je perds, je gagne, c’est comme la vie, ça m’apprend à grandir.
Qu’est-ce que je ferai quand je serai grande ?
… ben finalement, j’ai pas envie d’attendre, de passer mon temps à préparer mon après (c’est ça faire des études) : c’est maintenant, j’ai 18 ans, je croque dans la vie, j’apprends un métier, je fais des enfants, et je vis !
Qu’est-ce que je ferai quand je serai grande ?
… travailler comme une damnée, ne rien gagner, travailler, toujours travailler et en plus se disputer, je n’en peux plus, je pars… Qu’est-ce que je ferai… ? je cherche toutes les ruelles qui se présentent, j’essaie, je tente, je teste, je m’inscris, je concoure, je retourne à la fac, je m’organise, je vis, je vis avec mes petits qui grandissent, je me construis pas à pas.
Qu’est-ce que je ferai quand je serai grande ?
… demain, je fête mon anniversaire, ça incite à se poser la question ! C’est génial, mes deux enfants me font la surprise de débarquer avec leurs petites familles ! On n’a pas tous les jours 65 ans ! c’est le bel âge ! Je ne sais pas ce que je ferai quand je serai grande, mais maintenant, aujourd’hui, je déguste d’être là, je profite, je laisse le ciel si beau plein de nuages lumineux entrer dans mes yeux, je me régale de ne pas être toujours d’accord, je goûte, après une si belle promenade, le crachin rafraîchissant en haut de la falaise qui domine la plage, les rochers, les crevettes…
je suis déjà grande, mais quand je serai encore plus grande, je rêve de recommencer à vivre les moments heureux de ma vie, de les apprécier et d’en jouir paisiblement. Recommencer à vivre simplement sans prise de tête. Aimer ceux qui m’aiment et déposer sur chaque côté de ma route les boulets de ma vie. Ne plus me fatiguer à penser, vivre au jour le jour, profiter enfin d’un petit monde tranquille et en sélectionner les composantes. Rendre service à qui le voudra, prendre soin de qui le voudra, aimer qui m’aimera.
Quand je serai grande, je poursuivrai mes recherches sur la vie de quelques-uns de mes ancêtres, et j’écrirai leur histoire pour qu’ils revivent par moi, et moi par eux.
Je voudrai être une multireferencialité agissante pour laisser s’exprimer tout ce et tous ceux que j’ai rencontré et qui Vivent en moi…
Quand je serai grande je rêve d’écouter une chanson avec un homme qui m’aime vraiment vraiment .
Quand je serai grande, je serai paysagiste écrivaine. Et engagée dans une association ou auprès de la municipalité pour garder le sel des échanges, le goût du don et des autres.
Quand je serai grande, je ferai le tour du monde à la rencontre des enfants du monde entier, leur dire qu’ils sont capables de tout et Que l’amour et l’espoir est en chacun d’eux.
Leur donner le pouvoir de croire en leurs rêves
J’ai 69 ans, il y a un an, j’ai traversé l’atlantique à la rame avec 3 autres seniors, là je travaille sur un projet d’habitat coopératif pour seniors, j’aimerais quand je serai grand « m’élever » et voir la terre de très haut.
Cultiver mon jardin, au sens propre comme au figuré: nourrirl’ esprit l’âme et le corps à travers des rencontres, des voyages si possible, des lectures etc.. et un vrai jardin potager avec des fruits, légumes, plantes médicinales. Découvrir la naturopathie.
Parcourir le monde et dans le même temps avoir un jardin luxuriant, aider les jeunes à réaliser leurs rêves, à retrouver la liberté, combattre l’autoritarisme, le déni de démocratie, la soumission, la coercition, toutes les injustices briseuses de rêves et de vie …
Je me vois en vieille dame à qui on vient demander conseil, qu’on vient consulter en cas de « bobos » de toute sorte… Une sage, une peu « sorcière », un peu thérapeute en quelque sorte, qui accueille avec calme et bienveillance et qui a l’occasion de transmettre son expérience humaine et professionnelle.
J’aurai un jardin extra-ordinaire où pousseront, sans intrants chimiques, fleurs, fruits et légumes pour nourrir ma famille.
Il sera beau, simple, bien productif, la nature y gardera sa place et j’aurai à cœur de le bichonner ! je me formerai pour devenir une jardinière émérite !
Quand je serai grande, je serai romancière.
si je pouvais,parcourir le monde,aller a la rencontre de l’autre
ça me va ! Peu de mots pour résumer un rêve… pour lequel il faut juste un peu de courage … à moins que le courage ne soit de rester « installé » dans ce ron ron qui nous ronge. 10 ans d’expatriation à la rencontre de l’autre. Et cela me manque terriblement !
Quand je serai grand…. Je rêve d’écouter ma fille jouer de l’alto au sein d’un bel ensemble philarmonique, à l’étranger, Vienne, Budapest, New York… ! Je m’imagine extrêmement ému, comblé et fier…. fier du travail, des efforts accomplis pour en arriver là. Grandis tous les deux d’une histoire de labeur, de travail quotidien, de tensions mais surtout de moments de joie, de plaisir et de rigolade. Tous les deux engagés dans un processus d’apprentissage qui nous ouvre vers le monde merveilleux des émotions, à la grandeur des arts dans ce qu’ils ont de sensibles. Voilà, quand je serai grand, je serai auditeur inconditionnel de ma fille devenue musicienne, heureux et léger !
Merci.
Damien