Est-il possible de mener parallèlement une vie de romancière et une vie de mère ?
Virginia Woolf pensait que non. Dans Une chambre à soi, la romancière prend pour exemple des femmes de lettres célèbres qui l’ont précédée en Angleterre – Jane Austen, les sœurs Brontë ou George Eliot – aucune n’avait eu d’enfant. Notons que si elle avait pris l’exemple des autrices françaises de la même l’époque, le bilan aurait été bien différent. Madame de Staël comme Georges Sand ont été chacune mère de trois enfants.
Deux professeurs canadiens de l’université de Calgary se sont penchés sur les données statistiques pour contester la thèse de V. Woolf1 [1]. Selon eux, oui c’est possible ! En se fondant sur une base de données qui recense plus de 1400 femmes autrices de livres du Moyen Âge à nos jours, ils ont découvert que la moitié de ces femmes de lettres ont été mères.
Ce que ne précise pas nos universitaires, c’est qu’on peut être mère sans vraiment s’occuper de sa progéniture. Les gouvernantes étaient faites pour cela. Enid Blyton, la créatrice très prolifique des séries du Club des cinq et Oui-Oui en a abusé. Mère froide et distante, elle a complètement ignoré ses propres filles pour se consacrer entièrement à l’écriture d’histoires… pour enfants.
Mener de front les deux carrières, c’est donc possible, mais à condition de sous-traiter en partie l’éducation de ses enfants ou de différer provisoirement l’écriture pendant qu’ils sont petits : « un enfant en plus, c’est un livre en moins », a écrit Michael Chabon, romancier (et père de quatre enfants).
On peut aussi attendre qu’ils soient grands pour se mettre au travail…
Si les deux vies d’autrice et de mère s’avèrent si difficiles à concilier, c’est bien sûr parce qu’elles exigent l’une et l’autre de gros investissements en temps et en « charge mentale ». La romancière Zadie Smith raconte que quand elle écrit un roman, son esprit est totalement mobilisé par l’écriture, « j’y pense 24 heures sur 24 ». Mais les jeunes mères le savent : les petits réclament aussi une attention permanente. Donner des biberons, bercer un enfant qui a du mal à s’endormir, changer les couches, lui donner à manger, le promener et les mille autres tâches afférentes se concilient mal avec le travail assidu d’écriture. Si un conjoint (ou un tiers) n’est pas là pour prendre en charge le travail, l’équation est difficile à trouver. Il faut l’admettre la plupart du temps, ce sont les auteurs hommes qui louent pour leur dévouement et leur patience dans les remerciements placés en fin d’ouvrage !
Il est bien sûr quelques femmes d’exception qui ont réussi l’impossible : mener de front les deux carrières. Je connais personnellement une universitaire qui a réussi à écrire trente livres tout en restant une mère attentionnée et présente (bien que secondée) Cela suppose donc, une nounou très présente (et donc un bon salaire, une discipline de vie rigoureuse et une aisance à écrire).
Mais les exceptions n’invalident pas les lois générales.
Il suffit de regarder le profil des romancières et autrices de renom qui ont marqué la littérature française au 20e siècle : ni Simone de Beauvoir, ni Marguerite Yourcenar n’ont eu d’enfants ; Colette n’a eu qu’un fils, comme Marguerite Duras ou François Sagan. On est très loin de la moyenne actuelle des deux enfants par femme. De ce point de vue les romancières contemporaines font mieux : ainsi Marie N’Diaye a trois enfants, Leïla Slimani en a deux enfants, et elles ont toutes deux ont été lauréates du prix Goncourt.
Quant à Amélie Nothomb, son choix clair. Pour elle, pas question d’avoir des enfants : « Mon Dieu, c’est beaucoup trop dangereux ! » a-t-elle répondu dans une interview récente. Et d’ajouter : « Surtout, je suis trop souvent enceinte de mes innombrables enfants », elle parle ainsi de ses livres, « En ce moment, je porte mon 105e. »
En résumé : être mère et autrice n’est pas incompatible. Mais c’est compliqué.
- Karen Bourrier et John Brosz, « Être écrivaine et mère, c’est possible », Slate, 28 décembre 2022 (En ligne). [↩]
Article truffé de coquilles et comportant des erreurs (Colette à bien eu un enfant mais c’était une fille) dont les généralisations et analogies sont simplistes et enfermantes. On dirait un texte rédigé par l’IA.
Ce qaui est compliqué d’epérience, c’est de travailler et d’être mère ! Avoir l’oeil sur celle qui s’occupe des enfants quand on est au bureau, et ne riennsacrifier dans le travail !! Alors écrivain et mère c’est pareil