À chaque nouvel épisode, la série de BD Astérix et Obélix trône au sommet des meilleures ventes, à faire pâlir de jalousie tous les éditeurs ! Un tel succès est forcément mérité : on ne touche pas un vaste public sans créer un beau scénario, des personnages attachants et un décor attractif. En revanche, pour ce qui est de la vie des Gaulois, on est très loin de la réalité.
À l’époque gallo-romaine, la Gaule n’était pas couverte de forêts. Les Gaulois ne mangeaient pas souvent du sanglier. Quant aux menhirs, ils ont été sculptés trois millénaires plus tôt.
Pour imaginer ce qu’était la Gaule, rendons-nous à Bibracte au cœur du Morvan, alors capitale des Eudéens. Au moment où César a conquis la Gaule, Bibracte était une véritable ville peuplée de 5 000 à 10 000 habitants. Elle n’était pas ceinte de palissades en bois mais d’épais murs de pierres de deux mètres d’épaisseur et cinq de hauteur. À l’intérieur de la cité œuvraient des corporations d’artisans qui travaillaient le fer et le bois. Le métal, extrait de façon quasi industrielle dans les mines voisines, servait à fabriquer des outils et des armes de grande qualité que l’on exportait très loin. Les Gaulois avaient inventé la bêche, la faux et la faucille. Ces outils agricoles leur ont servi à défricher une grande partie du territoire. Car contrairement à une idée reçue, la forêt était moins étendue à l’époque de Vercingétorix que dans la France d’aujourd’hui ! Les Gaulois mangeaient peu de sanglier, mais bien plus souvent des cochons d’élevage : une charcuterie dont on faisait commerce jusqu’à Rome. Des esclaves, captures de guerre, faisaient aussi partie des marchandises très lucratives.
À Bibracte, les gens n’habitaient pas de petites cabanes rondes mais de grandes maisons de plusieurs pièces avec caves et greniers. Les demeures des plus riches étaient calquées sur les grandes villas romaines : avec une cour intérieure, une salle de réception, l’eau courante et une salle pour les bains comprenant même un spa. Le commerce et la guerre avaient permis le développement d’une élite d’aristocrates, chefs de guerre et marchands.
Les druides, contrairement à l’image d’Épinal, n’étaient pas des sorciers chamanes fabriquant des potions magiques et cueillant le gui dans la forêt. Ils étaient d’authentiques savants, versés dans l’astronomie, les savoirs médicaux et la philosophie. Ils assuraient aussi les fonctions de juges et les fêtes cérémonielles qu’ils célébraient avaient lieu dans de grands sanctuaires et non au fond des bois. S’ils n’utilisaient pas l’écriture, c’est à dessein : elle était prohibée pour maintenir leurs savoirs secrets. L’historien Jean-Louis Bruneaux compare les druides aux philosophes grecs, d’autres aux brahmanes hindous.
Les Gaulois ont ainsi vu leur statut réévalué grâce aux recherches archéologiques menées depuis une vingtaine d’années, qui ont changé considérablement notre regard sur « nos ancêtres les Gaulois ».