Fuite – Faire face, fuir ou subir ?

Fight or flight, combattre ou fuir : telle est la question ! Confronté à un agresseur, prédateur ou rival, l’animal n’a d’autre choix que fuir ou faire face.

Mais que se passe-t-il quand ni l’un ni l’autre ne sont possibles ? Le biologiste et psychiatre Henri Laborit (1914-1995) a fait le test avec des rats. L’expérience, assez cruelle à nos yeux (dans les années 1960, les chercheurs avaient moins de scrupules) concernait des rats en cage. Après qu’une sonnerie a retenti, le rat dresse l’oreille et reçoit une sévère décharge électrique dans les pattes. Dès la deuxième sonnerie, le rat a compris. Comment réagir ? Trois cas de figure se présentent.

Cas n° 1 : une porte est ouverte sur une cage voisine ; le rat s’y réfugie dès qu’il entend sonner.

Cas n° 2 : la porte est fermée, il lui est impossible de fuir. Si un autre rat est dans la cage, il va alors se jeter sur l’autre comme s’il était responsable.

Cas n° 3 : le rat ne peut ni fuir ni se battre. Il doit subir et son stress monte alors en flèche. Au bout de quelques jours de ce régime, le rat donne des signes d’anxiété, ne se nourrit plus, perd le sommeil et ses poils, et va développer divers troubles.

Pour H. Laborit, les humains réagissent comme les rats. Dans Éloge de la fuite (1976), il en déduisait que lorsqu’un individu ne peut agir face à l’adversité (c’est-à-dire combattre ou fuir), les agressions prolongées provoquent chez lui des réactions morbides : fébrilité, angoisse, dépression, troubles psychosomatiques (ulcère, maladie de peau).

Combattre, fuir ou subir. Telle est le dilemme. Toute chose étant égale par ailleurs, le phénomène s’applique à d’autres contextes : une femme battue, un élève harcelé, un salarié soumis et brimé.

Les stratégies des mécontents

Au moment où H. Laborit réalisait ses expériences sur les rats frustrés, le sociologue et économiste américain Albert O. Hirschman (1915-2012) menait des enquêtes sur un tout autre sujet. Que se passe-t-il quand les usagers des chemins de fer sont mécontents des retards, des pannes ou du prix trop élevé ? Ils peuvent chercher un autre moyen de transport (le bus, la voiture, l’avion…) ou se regrouper pour manifester leur colère. Reste une autre option : accepter sans rien dire et faire le dos rond. A. O. Hirschman a résumé ces options en trois mots : partir, contester, accepter. Tels sont les trois stratégies possibles pour tous les frustrés de la terre : les consommateurs mécontents, les salariés désabusés et les électeurs déçus. •

4 réactions sur “Fuite – Faire face, fuir ou subir ?

  1. Je vous ai déjà parlé de ce sujet.
    Certains disent et pensent qu’il y a un seul monde réel (déjà, c’est à voir!) mais qu’il y aurait une infinité de mondes virtuels. Nous avons donc plus de chances d’être présents dans un monde virtuel, genre monde où nous serions des objets pour personnages omniscients que d’être dans le monde réel. (c’est ce que penseraient certains ! bon!)
    Mais à partir de cette porte entr’ouverte, je pense quant à moi que les humains existent depuis…..allez….60 000 ans et qu’il y aurait plus de chances que j’ai existé durant ces soixante mille ans que durant ces 100 ans (que j’espère vivre actuellement).
    Alors Quid de la réincarnation? Les bouddhistes y croient, la religion catholique l’évoque.

  2. Dans mon raisonnement de mon premier commentaire, il faut comprendre que l’acceptation que j’évoque concerne des situations qui ne peuvent pas être changées (par exemple l’apparition d’une tempête) et en aucun cas une situation qu’on peut changer (par exemple une femme battue qu’il n’est pas question d’accepter et encore moins subir). C’était l’évidence pour moi mais il faut mieux le dire. Je souhaiterais si possible qu’on fusionne mes deux commentaires.

  3. Subir ou accepter ce n’est pas la même chose …
    Subir c’est Souffrir, c’est ce que font les rats d’Henri Laborit et entrent ainsi en « inhibition d’action » en somatisant des maladies (Le film génial « Mon oncle d’Amérique » à partir des travaux de Laborit).
    Accepter c’est comprendre qu’on ne peut rien faire car il n’y a rien à faire et cette compréhension évite la Souffrance et donc la somatisation.
    C’est l’acceptation Zen du Bouddha …. Accepter l’impermanence une des principales cause de la souffrance, c’est aussi accepter l’interdépendance qui ouvre les portes de l’appartenance à l’esprit vaste du monde !
    Ces deux acceptations peuvent nous permettre d’éviter beaucoup de Souffrance.

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