Le mot « animisme », a été introduit par l’Anglais Edward B. Tylor (un des fondateurs de l’anthropologie) dans son livre Primitive culture (1872). L’animisme désigne la croyance, répandue sur tous les continents, selon laquelle la nature est « animée » par une force invisible – l’âme1 ou le mana en Océanie – qui insuffle la vie aux animaux et fait pousser les plantes.
Pour E. Tylor, l’animisme est la religion originelle et le prototype de toute religion. Ces âmes ou « esprits », bien qu’invisibles, peuvent se manifester dans la nature sous forme animale ou phénomènes naturels (le Soleil, la Lune, les éclairs, la pluie, etc.). Des Indiens d’Amérique aux anciennes tribus africaines, des îles de Polynésie aux Inuits, partout on suppose l’existence d’esprits. Au Nigéria par exemple, les Yorubas pratiquent traditionnellement le culte des divinités appelées orisha qui apparaissent lors des cérémonies d’initiation, des rites agraires, des mariages ou des funérailles2.
L’existence d’entités invisibles porteuses d’une force surnaturelle et souvent représentées sous la forme d’animaux, de chimères, de monstres ou de petits génies est un trait universel des sociétés humaines, selon E. Tylor. La théorie de l’animisme a connu au début du 20e siècle un immense succès et fut reprise autant par des psychologues que des philosophes qui voyaient dans l’animisme le stade premier de la pensée humaine. Puis les critiques sont arrivées. Émile Durkheim reprochait à la théorie de E. Tylor d’expliquer la religion par la psychologie, alors que pour lui la religion est d’abord un fait social. Surtout, une nouvelle théorie de la religion des origines était en train de s’imposer : celle du totémisme.