Eddy, sans-abri plein d’espoir

Toutes les personnes que je rencontre m’intéressent. Ne fût-ce que par curiosité : on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Mais aussi — et surtout — parce qu’au fil des années et des rencontres, j’ai découvert un formidable secret : tout le monde a quelque chose à raconter. Une anecdote incroyable, une passion secrète, un rêve d’enfant, un déboire amoureux… chaque personne cache au moins une histoire passionnante, ou au moins surprenante. Il suffit d’ouvrir la porte. Parfois, il suffit même de l’entrouvrir.

Alors permettez-moi de partager avec vous certaines de ces rencontres plus ou moins furtives que j’ai eu la chance de faire. Une collection d’impressions qui formeront, peu à peu, comme une mosaïque d’humains — un autre aspect de l’Humanologie. Ce mois-ci, je vous parle d’Eddy, un sans-abri plein d’espoir.

À Londres, Eddy vend le Big Issue, le magazine des sans-abris, au coin de Neal Street et de Long Acre. D’habitude, je passe mon chemin – je sais que je ne lirais probablement pas le magazine, et ne l’achète donc en général pas. Mais je l’ai vu galérer, avoir l’air un peu découragé et j’ai donc fait un pas vers lui pour le lui prendre. Il me remercie… et me dit que c’est son anniversaire. 48 ans. Du coup, je lui offre un café. Un grand latte avec beaucoup de sucre.


Pendant qu’il le boit, il me raconte un bout de sa vie. Il est écossais et il connaît la Belgique : il a même habité à Bruxelles quelques mois. Il adore la Grand Place, qu’il décrit comme « un lieu dessiné au crayon ». J’aime bien l’image.


Il est sans-abri à Londres depuis quelques années maintenant mais il n’a pas l’air désespéré. Pour le moment, il loge trois ou quatre nuits par semaine chez un ami. Le reste du temps, il dort sur un banc dans le petit parc près d’Embankment. Je lui demande s’il ne fait pas un peu froid pour ça. Il me répond : « Pas quand on sait s’y prendre. » Il m’explique qu’il a un système, avec une bâche et quelques autres objets, pour transformer n’importe quel banc en tente improvisée, ce qui lui permet au moins de dormir au sec. Au chaud, je ne sais pas mais au sec, oui.


Une situation difficile, certes, mais il ne baisse pas les bras. Il m’explique qu’il est en train d’économiser, lentement mais sûrement, pour passer son permis de conduire dans l’espoir de devenir un jour chauffeur de bus. « Vous voyez : j’ai un plan », me dit-il, l’air confiant.

3 réactions sur “Eddy, sans-abri plein d’espoir

  1. Très belle histoire ! très émouvante ! sur Paris j’ai fait les camions du cœur et ce Sans-Abri me touche particulièrement parce qu’il a du courage et de l’espoir – ce n’est pas le cas de certaines personnes hélas..
    Merci de nous avoir présenté ce Monsieur !

  2. Un petit pas vers l’autre, c’est déjà un espoir pour l’Avenir !!!
    Merci de partager cette belle rencontre !!!!

  3. Tout comme l’achat du journal décrit ci-dessus, je pousse la porte pour un commentaire que j’ignore encore. Comment? écrire sans savoir quoi, se moquer des lecteurs! Pas vraiment, juste pour entrer dans le réseau frêle, d’une simple idée de solidarité. Parfois c’est déjà beaucoup.
    Merci pour le récit:

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