Merde à Sénèque !

Je tombe sur ce passage de Sénèque, dans les Lettres à Lucilius : « L’une des nombreuses erreurs des imbéciles : ils n’en finissent pas de commencer à vivre. Médite le sens de cette parole, Lucilius, toi le meilleur des hommes, et tu comprendras comme elle est répugnante. Cette inconstance des hommes qui chaque jour établissent leur vie sur de nouvelles bases et se lancent dans de nouvelles espérances, même sur leur lit de mort. »
En fait, je fais partie de ces imbéciles dont parle Sénèque. Ceux qui n’arrêtent pas de réinventer leur vie, de forger de nouveaux projets, de se lancer de nouveaux défis, de s’inventer des châteaux en Espagne, de se forger de nouvelles utopies à un âge où on devrait s’assagir.

Mais que voulez-vous, comme jusque-là ces délires ne m’ont pas trop mal réussi, je persiste ! J’ai même le sentiment que ce j’ai fait de mieux dans ma vie vient de là : cette capacité humaine à croire en soi, même au-delà du raisonnable.

Tant pis, je n’arrive pas à m’assagir. Et le jour où j’accepterais d’être ce que je suis, je crois que je perdrais le goût de vivre. Donc, « se lancer dans de nouvelles espérances, même sur leur lit de mort », ça me va bien…

Et merde à Sénèque !

2 réactions sur “Merde à Sénèque !

  1. Voilà un article intéressant sur le thème grandiose du « Moi, je … » base essentielle de l’individualisme qui terrasse la vie. Sénèque, que j’ai bien lu, est un grand penseur qui mérite réflexion. Le torcher en 5/7 est faire preuve de peu de pensée. J’ai un grand âge, je continue à m’amuser et je compte continuer. Ce n’est pas pour autant que je me fais une quelconque illusion sur la condition humaine, surtout avec l’apport de la pensée de Sénèque. L’auteur de l’article n’a rien compris au stoïcisme qui n’est pas une école du mal-être, mais une école de lucidité indispensable. La sagesse n’a jamais été un frein au bonheur d’être. Pour ceux qui croient être capable de tout réinventer, si cela était vrai, ils auraient l’humilité indispensable.

  2. Eh bien moi, c’est le contraire, plus je deviens ^moi^ plus je suis contente d’être encore en vie.
    Et je n’ai pas d’espérance, je n’espère rien, car espérer est selon moi une quête qui, par définition ne sera jamais atteinte.
    Espérer c’est vouloir ce que l’on n’a pas.
    Et moi j’apprécie ce que j’ai sans avoir à l’attendre.
    Quand aux utopies, le monde rêvé des anges ?, ou un peu de perfection ? Légèrement, doux euphémisme, contraire à la nature humaine.
    Alors pourquoi se raconter des histoires dont on sait qu’elles n’existent pas ?
    Ou peut-être pour trouver du sens à ce qui n’a pas de sens : la vie ?

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