
Mon ami Marc est avocat. À 70 ans passés, il continue de se rendre chaque jour à son cabinet. Une partie de son temps libre est consacré à ses petits-enfants, à lire des romans, à jouer du piano. Il est inscrit à la musique où il se va trois fois par semaine.
L’autre jour, il m’a confié deux de ses projets . Le premier : traverser une partie de la France à pied (à travers les montagnes : Vosges, Alpes, Pyrénées, « avant mes 85 ans ! »). Son autre rêve : écrire un roman policier, un polar juridique à la manière de John Grisham. Dans ses tiroirs dorment des récits, tous inachevés, qu’il a rédigés au fil des années. Mais demain ou « plus tard », il en tirera un bon roman. Qui connaîtra peut-être le succès.
Ces fantasmagories ne me paraissent pas très lucides, mais j’évite de lui dire (la sincérité que l’on doit à ses amis a ses limites…). Et puis, à l’âge qui était naguère celui du renoncement et de la nostalgie, que l’on réactive aujourd’hui des rêves d’adolescents a quelque chose de réconfortant. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
Et pour se conforter dans ses rêves, on peut toujours se raccrocher a quelques cas exemplaires. La britannique Jane Campbell a publié son premier recueil de nouvelles à 80 ans et son premier roman à 82 ! Fauja Singh, un Britannique d’origine indienne, a couru son premier marathon à l’âge de 88 ans. Il a ensuite enchaîné les exploits : il détient actuellement le record du monde de la discipline pour les plus de 100 ans !
Les défis se relèvent à tous les âges. À 93 ans, Théodore Monod est reparti en expédition dans le désert à la recherche de l’arbre à encens. Il espérait aussi croiser sur sa route une rose de Jéricho (encore appelée Anastatica hierochuntica), une fleur qui a le don de rester desséchée pendant des années, puis de renaître au contact de la première pluie. Tout un symbole !