Ecrans : Comment reprendre sa liberté ?

Les écrans ont envahi nos vies. Le constat est banal mais implacable. Télévision, ordinateur, smartphones : en moyenne, un adulte passe cinq heures quotidiennes devant un écran1. Cinq heures, c’est  tout ? Pour ma part, je dois plutôt approcher les sept ou huit heures quotidiennes. Peut-être plus. A vrai dire je ne sais pas… C’est d’ailleurs le premier signe d’une emprise incontrôlée sur nos vie. Combien de temps y passe-t-on ?  Combien de fois dans la journée, j’ai consulté machinalement mon téléphone ? L’invasion des écrans s’est faite en un temps record.  La télévision est entrée dans les foyers dans les années 1960, les ordinateurs dans les années 1980, les téléphones portables dans les années 2000. L’iphone 2007 a été le tournant où tout à basculé.

Comment pourrait-on d’ailleurs s’en passer ? Les écrans servent à travailler, à s’informer, à se distraire, à communiquer, à acheter des billets de train ou payer ses impôts. Comme toutes ces activités sont de plus en plus imbriquées, il est difficile de faire la part entre l’utile et le superflus, le bon et le mauvais usage, entre qui relève de la consommation et de l’addiction.

Les écrans font désormais partie intégrante de nos vies : comme l’électricité, l’argent, les moyens de transports ou le sucre raffiné. A moins de se couper du monde, (ce que je ne veux surtout pas), il faut apprendre à apprendre à contrôler sa consommation. C’est la condition pour reprendre possession de sa vie. 

L’alcoolique peut envisager l’abstinence; le fumeur espère un jour écraser sa dernière cigarette (mon frère, ce héros, l’a fait après un demi-siècle de tabagisme). Mais on en peut plus vraiment se passer d’écran. Chaque jour, il me faut ma dose de sucre, de gras ou de protéines et d’écrans ; l’un comme l’autre sont indispensables à la vie. Ils font partie du bonheur de vivre. Mais pour me sentir mieux dans ma peau, je dois contrôler ma gloutonnerie Tout est poison, rien n’est poison, tout est question de mesuure « (Hippocrate). Mais tout est fait pour que l’on sombre dans la démesure. Comme UIysse, il faut donc apprendre à résister aux sirènes, dompter ses envies et tentations.  Tenir à distance la bête qui cherche à s’emparer de nous. Là est le problème.

Comment s’y prendre ? 

Les bonnes résolutions ne suffiront pas. Celles du 1er janvier sont vite oubliées. Pourquoi ? Parce que des forces invisibles et impérieuses agissent en nous.  Tout à l’heure, demain, dans trois jours, elle seront encore là pour nous faire replonger. Les forces qui nous ensorcellent sont beaucoup plus puissantes que les belles promesses du nouvel an. Ces forces, nous les connaissons mal et nous avons du mal à les contrôler. Elles sont invisibles, tentaculaires : certaines sont a la fois en nous et autour de nous: elle opèrent en cachette derrière nos écrans.

J’entreprends ici  de rédiger un journal de bord :  celui d’un homo numéricus sous emprise qui tente de se sortir de son addiction. Premier objectif : cerner la bête, analyser les mécanismes de l’emprise. Deuxième objectif : mieux se connaître ; repérer les faiblesses ; cerner les portes d’entrée par lesquelles la bête prend possession de moi. Objectif numéro trois : utiliser mes remèdes de désensorcellement. Certaines ont été mises au point pour lutter contre les addictions. D’autres relèvent de techniques de combat pour affronter les défis personnels. Je m’en suis servi dans le passé pour réaliser quelques projets qui me tenaient à cœur (ce qui ne m’ empêche pas quelques pitoyables échecs et abandons).  

Nous sommes tous devenus des Homos numéricus sans même le vouloir. Je sais que la maîtrise de l’hydre numérique ne relèvera pas de la seule limitation du temps d’écran: l’emprise est beaucoup plus globale. Je sais aussi que le contrôle des écrans ne peut relever de la seule affaire personnelle.  C’est une affaire collective – l’une des grands défi de ce siècle. Elle appelle des actions individuelles et des mobilisations collectives, des groupes organisés et des Etats

Mais il faut bien commencer par un bout. Epictète préconise de distinguer « ce qui ne dépend pas de moi et ce qui dépend de moi ».  Je vais commencer par ce qui dépend de moi. Et d’abord reprendre possession de mon temps. Dans les semaines qui viennent, je vais consigner ici, le récit de cette reprise en main. J’en profiterai pour analyser les mécanismes de l’emprise afin d’en tirer quelques leçons sur l’art de conduire sa vie dans un monde numérique dans lequel nous sommes tous immergés. 

Mon oremier cap : franchir la barrière du Quitter’s days : soit le deuxième vendredi de Janvier, date où 80% des personnes ont déjà abandonné leurs belles résolutions du premier janvier. 

Si vous souhaitez m’accompagner, me soutenir, me rejoindre dans ce combat – qui ne doit pas rester solitaire –  dites le moi. Témoignez, lancer vos idées, et écrivez dans le dans les commentaires. Ensemble nous serons bien plus forts. Inscrivez vous à la newsletter (en haut et à droite), pour suivre, étape par étape, un combat qui ne fait que commencer.

Jean François Dortier, L’humanologue

Réécouter l’émission de France Inter « le téléphone sonne » du 27 décembre Nouvel an, comment tenir ses bonnes résolutions ?  avec la participation de l’humanologue.

  1. selon l’Atlas du numérique, D. Carton, Sylvain Parisie, Donato Riscc, Presse de Science Po []

6 réactions sur “Ecrans : Comment reprendre sa liberté ?

  1. J’ai découvert la possibilité » de chercher et trouver un livre sur l’un des sujets qui m’intéressent ou sur un auteur…, de l’acheter à 22h17 et de commencer à le lire 30 secondes plus tard, le tout 30% moins cher que le papier… puis de souligner ce qui m’est important, de prendre des notes manuscrites sur la page, et à la fin, la possilbité de relire tout ce que j’ai souligné et tout ce que j’ai écrit, et je pourrai le refaire dans 10 ans si je veux, mes enfants et petits… pourront voir tout ça…. c’est vraiment jouissif ! Mais comme addiction il y a pire…
    Alexandre

  2. Oh oui, les écrans nous aspirent tels des vampires tyranniques. J’ouvre Facedebouc et je me retrouve une heure plus tard. Je jette un petit coup d’œil sur mes mails et je me retrouve une heure plus tard. Avant d’y aller, je vérifie sur insta bla-bla que je n’ai pas de message et je me retrouve à regarder des vidéos , une heure plus tard… merde ! Je suis à la bourre ! Que le temps passe vite !
    Je souffre de procrastination chronique et j’ai la sensation d’avoir perdu un peu d’acuité visuelle et cognitive .
    Je vais me replonger dans la vraie vie, reprendre pied dans ce que j’ai envie de vivre dans le réel, le palpable .
    Courage 😅

  3. Bonjour et merci pour cet article

    J’ai eu la même prise de conscience il y a quelques temps… C’est après avoir lu plusieurs discussions (en ligne évidemment) que j’ai pris conscience du temps que l’on gâche en scrollant… Le temps que l’on utilise en scrollant est celui nécessaire pour réaliser d’autres activités plus stimulantes, intéressantes, pertinentes comme lire, passer du temps en communauté ou simplement faire des activités manuelles. Il n’y a pas de secret, ceux qui lisent 110 livres par an réussissent car ils limitent le doomscrolling…

    Sur la plupart des smartphones on peut trouver le temps journalier moyen que l’on passe sur l’appareil. J’en suis à 5h environ et mon objectif est de le diminuer à 3h… Ca peut être un outil utile pour y voir plus clair sur son temps passé sur smartphone…

  4. Merci pour cette réflexion, mais en situation de retraite, mon ordi est mon outil de travail, je ne vois vraiment pas comment m’en passer, passer moins de temps alors que je n’ai plus les relations de bureau ou d’atelier avec des collègies.

  5. Merci pour ce constat….la dépendance aux tel portable, TV , ORDI…
    J’AI ÉTEINT Netflix hier soir car série trop violente…
    Notre changement commence comme çà, ce geste si difficile, appuyer sur  » éteindre »….merci

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *